Les velléités ottomanes d’Erdogan se précisent au fil des mois. Pas plus tard que vendredi 3 juillet, son ministre de la défense, Hulusi Akar, accompagné du chef d’état majeur des armées le général Guler, en déplacement quasiment en terre conquise, a dit haut tout ce que les observateurs pensaient. « Les Turcs sont en Lybie pour y rester », a-t-il affirmé en substance.
Pour enfoncer davantage le clou, il a fait allusion à la « présence historique » des aïeuls turcs en ces terres. S’exprimant sur le sujet, le maître d’Ankara a, pour sa part, estimé que « les travaux menés avec le gouvernement légitime en Lybie doivent se poursuivre avec sérieux et détermination », rapportent des médias. Jouant sur la corde de l’émotion, Akar, relayé par des médias turcs, a déclaré : « Sachez que, conformément à la directive de notre président, nous serons à vos côtés aujourd’hui comme demain et nous ferons le nécessaire pour nos frères libyens. Vous avez raison et vous allez gagner, c’est ce en quoi nous avons foi ».
S’adressant aux autres forces en présence dans un conflit qui se régionalise, voire s’internationalise, il a ajouté : « Nul doute les autres vont payer le prix de leur injustice. Eux et ceux qui les soutiennent vont perdre ». La Turquie étant doublement intéressée par un positionnement géostratégique plus renforcé en Méditerranée, mais aussi pour disposer d’un accès direct aux champs pétrolifères du pays.
D’ailleurs, l’accord passé entre Tripoli et Ankara englobe à la fois une dimension sécuritaire et une autre composante économique. Erdogan s’attaque à Atatürk Dans ce même élan néo-ottoman, comme le qualifient certains observateurs, mais sur un tout autre volet interne, Erdogan, qui s’exprimait vendredi dernier, semble se presser pour « raser » » les traces d’Atatürk de la Turquie. Notamment, en voulant s’attaquer au Musée de la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul qu’il veut retransformer en mosquée. Pour lui, même si le conseil d’Etat turc ne s’est pas encore prononcé sur le sujet, il s’agit de « réparer une grosse erreur ».
Et ce, en se référant à la transformation de l’ancienne mosquée en musée opérée sous Atatürk en 1934. La société turque est divisée, mais il va falloir attendre quelques jours encore avant que ledit Conseil d’Etat ne tranche. Pour rappel, la basilique byzantine a été transformée en mosquée par le sultan Mehmet II, au XV siècle, après la prise de Constantinople par les forces ottomanes.
Par Gadi Abdelhadi