Face à la situation pandémique inquiétante au Maroc, marquée par la hausse de contamination et du nombre de décès, le ministère de l’enseignement vient d’informer les enseignants et les parents d’élèves de l’adoption du principe de l’ « enseignement à distance », au début de l’année scolaire 2020-2021, à partir du 7 septembre pour l’ensemble des niveaux et cycles dans les établissements publics et privés, ainsi que pour les écoles relevant des « missions étrangères », avec l’option en présentiel des élèves pour les parents qui donnent leur accord.
L’annonce était très attendue. Entre l’inquiétude des parents à envoyer leurs enfants aux écoles et l’angoisse de voire leurs enfants faire une année blanche, le communiqué tombe à point nommé et il donne le choix d’envoyer ou pas ses enfants à l’école.
L’enseignement à distance a fait ses preuves partout dans le monde, alors pourquoi pas chez nous?
En France, c’est en Septembre 1939, après la déclaration de la guerre, que le gouvernement crée, à titre provisoire, un service d’enseignement par correspondance et par radio. Cette création marque le début du Centre national d’enseignement à distance (CNED) dédié à la ‘’ formation de tous ceux qui le souhaitent quels que soient leur âge et leur situation’’. Aux Etats Unis, l’université d’État de Pennsylvanie a développé dès 1882 un programme d’enseignement par correspondance pour remédier aux difficultés d’accès à l’éducation des populations du monde rural à cause de la distance géographique qui les séparent des établissements d’éducation.
Dans ces pays, le système de formation à distance a connu, une évolution importante et constante grâce à l’apport des nouvelles technologiques puis a eu le temps de se développer et mûrir.
Seulement, est-ce-que nos écoles à nous, au Maroc, sont outillées pour assurer l’enseignement à distance? L’on est bien d’accord que l’expérience du semestre passé était un fiasco. Est ce que nos responsables ont compris que l’apprentissage à distance est soumis à d’autres règles pour en assurer l’efficience? L’on est bien tous d’accord, que l’enseignement à l’épreuve du Covid-19 ne peut être envisagé autrement qu’à distance. Mais est-ce que les programmes vont être revus? Est ce que le corps enseignant va être formé et sensibilisé?
La continuité pédagogique à distance ne peut pas être assurée avec la même vision, ni la même approche. D’ailleurs, le Ministre Saaïd Amzazi, avait lui-même reconnu les points de faiblesse de cette expérience dès son lancement. La contrainte majeure, selon lui, a été le problème d’accès à ces contenus pour certains apprenants.Ce n’est pas l’unique raison. L’accès aux nouvelles technologies est, certes un grand problème, mais quand bien même pour des apprenants qui disposent de tablettes et d’ordinateurs, le résultat ne peut être le même sans avoir revu les programmes, la structures des cours, et la ressource humaine encadrante.
Nos programmes sont basés sur l’administration d’une quantité d’informations sur lesquelles l’élève sera évalué pour réussir ou pas son année. Peu importe ce qu’il aura gardé comme savoir ou valeurs, une autre quantité, toute aussi importante d’informations, lui sera inculquée l’année d’après.
La pandémie est l’occasion de revoir le contenu qu’on dispense aux apprenants et la manière dont on le leur procure. On ne peut plus se permettre de parler de continuité pédagogique, c’est même l’occasion rêvée pour pouvoir couper avec un enseignement qui a, longtemps, oublié l’éducation civique de ces enfants. Un enseignement qui a oublié que ces enfants vivront une autre époque et seront confrontés aux défis d’un monde nouveau.
Dispenser un enseignement numérique sans oublier que dans le monde digital le contenu est ROI!