En Afrique du Sud, économie et coronavirus ne font pas bon ménage

En Afrique du Sud, économie et coronavirus ne font pas bon ménage

- in International

Par Hamid AQERROUT

Décidément, tout ne semble pas encore rentré dans l’ordre dans le pays arc-en-ciel où gouvernement, patronat et société civile se battent toujours pour limiter les conséquences désastreuses de la pandémie du Covid-19, alors que de nouvelles mesures de confinement aggraveraient une crise économique déjà profonde.
Devant l’ampleur de la crise sanitaire, le gouvernement sud-africain ne fait que constater les dégâts et ne sait plus à quel saint se vouer. Faut-il reconfiner la population pour endiguer la propagation de la pandémie ou doit-on laisser faire pour sauver une économie agonisante, en dépit de toutes les mesures prises jusqu’ici ?
C’est à ce dilemme que le pays de Nelson Mandela se trouve actuellement confronté, comme d’ailleurs de nombreux pays à travers le monde.
D’aucuns estiment, en effet, qu’il est impossible d’infliger un nouveau confinement strict à une économie à bout de souffle, d’autant plus que la marge de manœuvre du pays pour limiter la propagation du virus reste néanmoins limitée.
Mais d’ores et déjà, il faut constater qu’après un confinement strict de plusieurs mois qui avait fortement ralenti le nombre d’infections et mis à genou une économie en perte de vitesse, les contaminations vont crescendo et ont franchi depuis plusieurs jours la barre du 772.000. Le pays devient ainsi le cinquième le plus touché au monde, en nombre de cas. Près de 22.000 personnes auraient succombé au virus.
En réalité, ces chiffres pourraient être largement supérieurs aux statistiques officielles, car depuis le début du mois de juin dernier, en raison d’une pénurie de kits de dépistage et de réactifs, les autorités ont limité les tests aux personnes de plus de 55 ans présentant des symptômes. Un fait que le Conseil sud-africain des recherches médicales, une organisation pour la recherche médicale basée en Afrique du Sud, a corroboré en affirmant avoir comptabilisé plus de 17 000 décès naturels supplémentaires par rapport aux années précédentes à la même période.
Selon le Conseil, cette situation pourrait s’expliquer par des décès à domicile et à l’hôpital non signalés pourtant liés au coronavirus, ainsi que par des décès de patients ne pouvant plus accéder à leurs traitements dans des hôpitaux saturés. Car dans les hôpitaux publics comme privés, la situation est devenue critique et le manque de lits dans les services de réanimation se fait cruellement sentir, malgré les efforts entrepris jusqu’ici par les pouvoirs publics.
De l’avis de nombreux observateurs, le cours de la pandémie reste incertain et à mesure que l’économie s’ouvre, des efforts continus pour contenir la propagation du virus seront nécessaires. Aussi, soutiennent-ils, d’importantes réductions des dépenses dans le cadre de la formule provinciale de partage équitable, qui est le principal instrument de financement de la santé, nécessiteront une restructuration importante des services de santé provinciaux, en mettant l’accent sur les économies d’efficacité.
Toujours dans l’optique d’amortir l’impact socio-économique de la pandémie, le gouvernement sud-africain avait annoncé, en avril dernier, un plan d’aide économique et social sans précédent de plusieurs milliards d’euros. Mais une partie des fonds ont été volés ou détournés, tandis que l’aide alimentaire dans son ensemble n’est pas parvenue aux ménages dans le besoin.
Cela a contraint le gendarme de l’éthique publique à enquêter sur plusieurs plaintes concernant des défaillances dans la gestion par l’État de la pandémie de Covid-19. La fourniture au gouvernement de matériel de protection à des prix surévalués ou l’attribution d’un contrat pour servir de lieu de quarantaine à un centre délabré figurent parmi les agissements dénoncés.
Ces aides qui n’arrivent pas aux destinataires et l’ampleur de la corruption a fait réagir plusieurs ONG et associations qui dénoncent la contraction des dépenses publiques au milieu de la pandémie du Covid-19. «Nous avons vu les signes de réduction des dépenses publiques et des crises économiques et nous craignons que le budget ne soit une autre étape sur la voie de l’austérité», martèle «Cape Town Together», un réseau mettant en relation plus de 70 quartiers du Cap.
C’est que partout dans le monde, l’on a vu que l’austérité, qui est un ajustement structurel, a eu un impact dévastateur sur les pauvres et la classe ouvrière. Les Sud-Africains rejettent ainsi les réductions des dépenses sociales et les budgets qui favorisent l’inégalité, l’appauvrissement et le chômage de masse. Ils exigent aussi la création d’emplois décents pour tous, des terrains pour construire des logements décents et labourer la nourriture pour nourrir leurs familles.

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