Je n’ai jamais cherché à connaître la personne. Mais, j’ai, depuis des années, apprécié ses toiles. Un lien distant, comme dirait l’autre. À tel point que je croyais qu’il faisait partie d’une autre génération. Mine de rien presque tout le monde a cette impression ! Mourabiti a pu, a su imposer un style. Son style.
C’était déjà au temps où on ne cherchait pas les détails sur le net. Et voilà que j’apprends qu’il est sur plusieurs projets en même temps.
Né à Marrakech (1968), l’originaire d’Agdz est d’un tempérament très spécial. Un artiste discret aux œuvres éclatantes.
Pas bavard sur son travail, Mohamed parle à travers ses œuvres. Ses porte-voix. Ses autres actions parlent pour lui.
Descendant d’une grande famille (il n’aime pas les qualificatifs !), il en a hérité surtout un côté des plus spirituels. Qu’on remarque, d’ailleurs, dans ses œuvres.
Sa relation avec les « lieux saint », il la revendique. Autant dans ses toiles que dans son dire. Plutôt normal d’un voisin des Sept Saints.
Son expérience le mènera plus loin. Il ira à la rencontre d’Ibn Arabi. Il en reviendra l’âme débordante d’un plus de spiritualité qu’on retrouvera, en 2007, dans son exposition « Le voyage à Damas/ sur les pas d’Ibn al-Arabi ». Là, on n’est pas forcément dans le soufisme, devenu une mode. Mais, encore et toujours, dans une démarche de l’expérimentation esthétique.
En fait, dès son jeune âge, Mourabiti, qui savoure la poésie et la poétique des « choses » et des « espaces » est, disons, habité par les « formes ». Les lieux et leur architecture greffée à leur quintessence spirituelle.
Lui qui croit que « dans chaque être sommeille une énergie artistique » a travaillé sur lui-même. Tout petit, il s’est entiché des couleurs et des matières. Dans son parcours, il y a eu des courants et des noms certes, mais son expérience garde sa spécificité. La sienne.
En enfant rebelle, à sa manière, il s’est inscrit en faux par rapport au cursus éducatif « normal ». Il s’est formé lui-même par la suite .
Un autodidacte qui n’oublie pas de rendre hommage à des enseignants qui l’ont accompagné. Des personnes qui ont participé à l’éclosion du talent qui couvait en lui.
En effet, le jeune à qui « on » a barré l’accès à l’école des beaux-arts a démontré, par la force de la « Foi », du « travail acharné » et de « la persévérance », que « la Volonté finit, toujours par payer ». La preuve grandeur nature défile dans et par son parcours.
Mu par la valeur du « Partage « , dans le sens noble du terme, le citoyen Mourabiti met sur pied, il y a quelques années, une association qui a pris sur elle d’appuyer les jeunes de Tahanaout. Et ce, dans divers domaines culturels. Lui, il en parle comme d’un devoir citoyen. Les jeunes, reconnaissants, disent qu’il s’agit d’une immense opportunité.
Entre les deux, il y a des « survies » auxquelles on donne des conditions d’une vie. D’un possible « mieux-vivre ».
Mohamed, le citoyen qui s’implique pour la jeunesse de son patelin, est sur les pas d’une nouvelle aventure. Autant personnelle qu’humaine. Voire spirituelle.
Mourabiti, qui continue la belle aventure d’Al Maqam, lieu de culture et d’échanges, travaille actuellement, sur la « thématique de l’immédiat : Covid-19 ».
Mohamed Mourabiti, l’artiste qui creuse dans son être l’être-artiste dit ne pas avoir voulu verser dans le « folklorisme ambiant autour de la pandémie ».
Le confinement lui aurait donné le temps d’une dimension autre de méditation. Sur soi. Sur la vie. Sur l’autre. Sur la mort. Il est sur les traces de la mort dans le vivant et du vivant dans la mort. Entre les cimetières et les places publiques. Ses toiles « en devenir » en diront davantage