Ismail Asqarou, le Cheikh de la Daqqa Roudania qui a fait le tour du monde…

Ismail Asqarou, le Cheikh de la Daqqa Roudania qui a fait le tour du monde…

- in Portraits décalés

Ils sont, peut-être, nombreux à avoir découvert le Monsieur. Notamment, dans une vidéo qui a fait, courant juin 2021, au milieu de l’US Army band, à Taroudant, à l’occasion de l’African Lion. Un événement qui a fait le tour du monde. Sauf pour ceux qui se sont inscrits en hors-zone. Pour des raisons que l’on comprend.

 

Soit. On passe

On ne reviendra pas sur ces moments de l’African Lion, vehiculés à grande échelle, les avions, les opérations militaires, dans les airs comme le désert avec leur pendant maritime. Il y a eu des moments de convivialité humaine. Outre le côté sanitaire, on avait assisté à des séquences de partage culturel. Dont ce moment où on a vu cette formidable troupe de la Daqqa de Taroudant. Un homme, Cheikh Ismail, entouré de sa troupe. À un moment, les membres de L’US Army band, Free Groove, montent sur scène. Une fusion, bien qu’avec des pas de « danse » improvisés. À l’impromptu. Épris par les rythmes, les militaires américains ont partagé des moments qu’ils ont immortalisé par vidéos et photos interposés. Ismail Sqarou nous dit qu’ils lui ont confié avoir été impressionnés. Plus encore, on penserait qu’il y avait comme un « envoûtement instantané ». « C’est une forme de thérapie votre musique », lui lança un membre de l’US Army band.
Rien d’anormal, étant tenté d’enchaîner.

En fait, comme plusieurs rythmes du patrimoine musical marocain, il y a une dimension spirituelle, voire soufie, dans les notes de la Daqqa Roudania. « Elle est fondamentalement soufie », tranche Cheikh Sqarou. Et dont cette « parenthèse américaine » n’est pas la première avec les Américains.

ADN..groove !

En fait, pour l’enfant tombé à 12 ans dans le rythme foncièrement roudani, le premier contact avec les États-Unis remonte à 2006. Cette années-là, Ismail et sa troupe avaient fait pas moins de 18 Etats dans le cadre de manifestations réunissant toutes les religions, se rappelle Cheikh Sqarou. Et c’était, notamment, dans des universités. Une « tournée » où se mariait à la fois des présentations sur la musique, ses rythmes et ses origines durant les journées et des soirées musicales diurnes. « L’accueil était exceptionnel », résume-t-il.

Sous d’autres cieux…

Or, les États-Unis n’étaient qu’une étape parmi tant d’autres qui ont conduit Ismail et sa troupe, et partant l’aura de son association de la Daqqa Roudania, créée en 1993, à plusieurs destinations hors des frontières du Royaume. Notamment, aux Pays-Bas, en Belgique, en Irak, en Espagne, aux Emirats Arabes Unis, en France, en Égypte et ailleurs.

Parenthèse cruciale nommée El Mazned…

Et dans cette dynamique en faveur du rayonnement de cette partie du capital immatériel du Maroc, il y avait un homme auquel Cheikh Ismail tient particulièrement à rendre hommage. Il synthétise : »Notre Association doit beaucoup à Ssi Brahim El Mazned qui nous a soutenu dès 1999″. Brahim El Mazned, ce
militant culturel natif d’Essaouira, qui plus est directeur artistique du Festival Timitar et autre fondateur de Visa for Music, à qui on doit plusieurs initiatives dont deux Anthologies de référence. A savoir,  » Chikhates et Chioukhs de l’Aita » et, tout récemment, « Rrways, Voyage dans l’univers des poètes chanteurs itinérants amazighes ».

Retour à Taroudant…

Quant à la genèse de son rapport avec la Daqqa Roudania, qu’il estime matrice de la Daqqa dans ses différentes représentations, Cheikh Ismail n’en fait pas un mystère. Résumé du résumé : « Elle court dans l’âme comme le sang dans les veines de tous les Roudanis. Elle est Don Divin ». Nous sommes de plain pied dans La Spiritualité. Et ce n’est pas pour rien que sa troupe a figuré au programme du Festival de Fès comme dans d’autres manifestations où il était question de musiques spirituelles.
Ismail, qui a grandi dans une famille où feu l’oncle maternelle de son père était un Cheikh de la Daqqa Roudania, semble avoir été prédestiné pour s’initier et parcourir l’itinéraire. Le natif de Taroudant, en 1968, s’est retrouvé en plein dedans dès sa douzième année, alors qu’il était au collège.

Un parcours qui n’a rien d’une promenade de santé, mais la passion a pris le dessus sur les chemins sinueux. Plus particulièrement, sur fond de la pandémie.

Un vœux…

En effet, les membres de l’Association, des artisans pour la majorité, ont dû « vivoter ». En grande partie grâce à des hommes de partage qui les ont accompagnés durant ces « moments difficiles ». Pire, même le conseil municipal, confie Cheikh Sqarou, n’aurait pas été au rendez-vous. La « maigre subvention ayant été suspendue depuis pratiquement deux années ».
Qu’à cela ne tienne, l’Association se bat pour survivre en attendant des jours meilleurs.
En ce juillet, la troupe sera de retour dans le cadre du Festival de Taroudant. Ça serait en « distanciel » certes, mesures préventives obligent, mais ça serait de bon augure, dit, confiant, Smail Asqarou.

N’empêche, loin du circonstanciel, la chose culturelle, particulièrement dans sa dimension patrimoniale, mériterait davantage d’attention.

Cheikh Sqarou voudrait bien transmettre l’héritage aux générations montantes, mais les moyens manquent…

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