Syrie – La chute de Bachar al-Assad, un tournant historique pour le Moyen-Orient

Syrie – La chute de Bachar al-Assad, un tournant historique pour le Moyen-Orient

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par Najiba jalal

Un moment de bascule géopolitique

Le départ de Bachar al-Assad du pouvoir marque une étape cruciale dans l’histoire tourmentée du Moyen-Orient. Certains y voient la fin d’un ordre établi depuis les accords Sykes-Picot, d’autres un écho à la débâcle américaine à Saïgon. Ce basculement historique n’est pas qu’un simple événement syrien : il redéfinit les rapports de force régionaux et internationaux, dessinant une nouvelle carte stratégique dans une région en perpétuel tumulte.

Une lente érosion : la genèse de l’effondrement

Depuis plus d’une décennie, la Syrie a été prise dans un engrenage tragique de guerres civiles, de sanctions économiques et d’isolement diplomatique. Le régime d’Assad, fragilisé par les combats et les pressions extérieures, n’a cessé de perdre du terrain, tant sur le plan militaire que politique. La dépendance croissante à l’égard de ses alliés russes et iraniens a accentué son immobilisme face aux transformations en cours.

Malgré une situation intérieure catastrophique, Assad s’est enfermé dans un refus obstiné des compromis proposés par ses partenaires traditionnels, notamment Moscou et Ankara, qui l’exhortaient à embrasser une solution politique. Ce choix, mal calibré, l’a isolé davantage au moment où la dynamique régionale évoluait rapidement sous l’effet des offensives turques, des tensions entre Israël et l’Iran, et des bouleversements en Ukraine.

Les dernières semaines : la chute irréversible

Alors que les guerres au Liban et à Gaza redéfinissaient les équilibres, Bachar al-Assad a multiplié les appels à l’aide auprès de ses alliés historiques. Mais lors de sa récente visite à Moscou, il a essuyé un refus clair de Vladimir Poutine : la Russie, accaparée par sa confrontation avec l’OTAN en Ukraine, ne pouvait plus soutenir le régime syrien à hauteur des besoins.

Loin d’être une simple trahison, ce désengagement reflète une priorité stratégique : Moscou préfère concentrer ses ressources sur la protection de ses frontières et la résolution du conflit ukrainien, laissant à Damas le soin de gérer une situation qu’elle juge insoutenable.

La Turquie, l’art du timing

Le président Recep Tayyip Erdoğan a saisi l’instant avec une habileté redoutable. Profitant de l’épuisement du Hezbollah après sa confrontation avec Israël, il a lancé une offensive décisive en Syrie. Cette manœuvre a non seulement renforcé la position turque dans le nord de la Syrie, mais elle a également mis Damas face à l’inévitable : un effondrement sans recours.

Aligné de manière tacite avec Israël et jouant sur les failles de l’alliance russo-iranienne, Erdoğan s’impose comme un acteur central dans cette nouvelle configuration.

L’Iran et le Hezbollah : des choix douloureux

Face à l’intensification des menaces israéliennes et aux tensions internes, Téhéran a choisi de limiter son engagement direct en Syrie. La République islamique, consciente des risques d’un conflit ouvert avec Israël et les États-Unis, a opté pour une stratégie de repli calculé.

Quant au Hezbollah, bien que son rôle en Syrie ait été crucial pendant des années, il a évité de s’impliquer davantage, mesurant les dangers d’une guerre prolongée dans un contexte d’isolement régional et de pressions internes croissantes.

Un avenir incertain pour la Syrie

Avec la disparition du régime d’Assad, la Syrie s’engage dans une période de transition incertaine. Les craintes d’une prise de pouvoir par des islamistes soutenus par Ankara préoccupent les voisins immédiats, notamment le Liban et l’Irak, qui renforcent leurs dispositifs de sécurité. Les acteurs internationaux cherchent à stabiliser une région qui reste à la merci d’une fragmentation violente ou d’une recomposition fédéraliste.

Conclusion : le Moyen-Orient à l’aube d’une nouvelle ère

La chute de Bachar al-Assad est bien plus qu’un événement syrien : elle redéfinit les paradigmes géopolitiques du Moyen-Orient. Alors que la Russie, la Turquie, les États-Unis et Israël avancent leurs pions dans un jeu stratégique complexe, cette transition marque le début d’une recomposition régionale aux enjeux colossaux.

L’avenir de la Syrie – entre reconstruction, conflits internes et influences étrangères – sera déterminant pour l’équilibre de tout le Moyen-Orient. Plus qu’une simple page qui se tourne, c’est un nouveau chapitre, chargé de promesses et de périls, qui s’ouvre dans cette région cruciale pour l’ordre mondial.

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