Affaire de « conspiration contre la sécurité de l’État » en Tunisie : une justice absente et un juge controversé

Affaire de « conspiration contre la sécurité de l’État » en Tunisie : une justice absente et un juge controversé

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La Tunisie poursuit les audiences d’un procès impliquant des dizaines d’opposants politiques dans ce qui est connu comme l’affaire de la « conspiration contre la sécurité de l’État », au milieu d’une montée de la contestation de la part des familles des détenus et d’organisations de défense des droits humains qui remettent en question l’équité des procédures et accusent la justice de collusion avec le pouvoir.

La coordination des familles des détenus a exprimé son rejet des procès à distance, exigeant des audiences publiques avec la présence des accusés dans la salle d’audience. Jawhar Ben Mbarek, l’un des accusés les plus en vue, a écrit depuis sa prison une lettre affirmant que ce qu’ils subissent ne relève pas de la justice, mais d’une attaque directe contre leur liberté. Wissam Loukil, du parti républicain, a qualifié la décision d’inconstitutionnelle, tandis que la députée Mounia Ben Ibrahim a demandé une diffusion en direct des audiences et a appelé à manifester en parallèle. Le Front de salut a déclaré que les accusations étaient infondées et que l’objectif était d’exclure les opposants.

Dans un nouveau développement, plusieurs détenus politiques ont annoncé qu’ils entamaient une grève de la faim en protestation contre ce qu’ils qualifient de détention arbitraire et de procès manquant des conditions minimales de justice. Le communiqué, signé par des personnalités éminentes telles qu’Issam Chebbi, Ghazi Chawashi et Ridha Belhaj, a évoqué la fuite de procès-verbaux falsifiés, la prohibition des échanges médiatiques, et l’utilisation de la justice pour éliminer des rivaux politiques. Les détenus ont annoncé leur refus d’assister aux procès et ont appelé la société civile et les organisations de défense des droits humains à les soutenir dans leur combat pour la dignité, appelant également les avocats à continuer leur lutte juridique contre ce qu’ils considèrent comme une oppression systématique.

En toile de fond de ce procès, le nom du juge Lassad Chamakhi ressort, chargé de superviser le dossier. Le parcours judiciaire de Chamakhi soulève plus d’un point d’interrogation, allant de sa présidence d’un procès en 2009 contre sept étudiants pour leurs activités religieuses et médiatiques, à son jugement controversé en 2010 déclarant l’innocence d’Imed Trabelsi dans une affaire de yachts volés, jusqu’à des soupçons de son implication dans un scandale moral documenté et son extradition d’un suspect vers des milices libyennes en dehors des procédures légales en 2015.

Aujourd’hui, plusieurs juges et avocats l’accusent de suivre les instructions du pouvoir dans le cadre de l’affaire de conspiration, en particulier après lui avoir interdit l’accès aux prévenus et avoir rejeté toutes les demandes de libération. Le juge Ahmed Souab l’a qualifié publiquement de « juge corrompu », tandis que des sources signalent ses liens avec la ministre de la Justice, Leila Jafal, et ses promotions considérées comme une récompense pour sa loyauté politique.

Parallèlement, le président Kaïs Saïed persiste dans son arrogance habituelle à imputer aux détenus la responsabilité de troubler la stabilité du pays. Cependant, les positions de l’opposition, la grève des détenus, les vérités sur le terrain, ainsi que l’implication d’avocats internationaux provenant de France, d’Italie, du Maroc et d’Algérie vers la Tunisie pour suivre le dossier, révèlent que l’affaire n’est plus seulement interne et que la thèse du président tunisien n’est plus crue par quiconque.

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