Ahmed Attaf revient en Algérie les mains vides après une tournée européenne décevante.
Dans une mission qui semblait cruciale pour la politique étrangère algérienne, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a effectué une tournée en Suède et en Finlande, avec pour principal objectif de gagner des positions favorables à la vision de l’Algérie concernant le conflit du Sahara occidental.
Cependant, les résultats ont été décevants, reflétant l’incapacité de la diplomatie algérienne à rivaliser avec la dynamique marocaine croissante en Europe.
Des mouvements sans gains
Ahmed Attaf est arrivé à Stockholm le 23 avril dernier, où il a rencontré la ministre des Affaires étrangères suédoise, Tobias Billström. La rencontre n’a donné lieu à aucun communiqué officiel soutenant la position algérienne sur le Sahara. Le communiqué commun a mis l’accent uniquement sur les aspects de la coopération bilatérale sans aborder les questions régionales controversées.
Le silence de la Suède sur ce dossier n’était pas surprenant. En mai 2022, l’ancienne ministre des Affaires étrangères avait refusé de recevoir une délégation du Polisario, mettant ainsi fin à une phase de sympathie traditionnelle qu’une partie de la gauche suédoise avait manifestée envers les revendications du mouvement.
À Stockholm également, Attaf a visité le siège de la Fondation Olof Palme, une personnalité socialiste décédée qui avait historiquement soutenu les causes de libération. Cependant, cette visite est restée symbolique et n’a pas eu d’impacts significatifs sur les résultats de la tournée politique.
La Finlande continue de soutenir le Maroc
De Suède, Attaf s’est rendu à Helsinki, où il a eu une séance de travail avec la ministre des Affaires étrangères finlandaise, Elena Valttonen. Le communiqué officiel émanant du ministère algérien des Affaires étrangères a évoqué une discussion sur les relations d’amitié et les mécanismes de coopération économique, sans mentionner le dossier du Sahara.
Ce silence n’était pas fortuit. La Finlande avait confirmé en août 2024 son soutien à l’initiative d’autonomie marocaine, la considérant comme un "base sérieuse et réaliste" pour résoudre le conflit. Une position réitérée de manière claire lors de la visite du ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita il y a quelques mois.
Silence médiatique et résultats limités
À son retour en Algérie, Attaf n’a pas bénéficié d’une couverture médiatique notable. Pas de conférences de presse, ni de déclarations triomphales. Même les médias algériens officiels et ceux liés au Polisario sont restés discrets, signe des résultats limités de la visite.
En revanche, le Maroc a continué de renforcer ses positions à l’international. La dernière tournée de Bourita en Europe a donné lieu à des soutiens de la part des États-Unis, de la France, de l’Espagne, de l’Estonie, de la Hongrie, de la Moldavie et de la Croatie, qui ont toutes réaffirmé leur soutien à l’initiative d’autonomie proposée par Rabat en 2007.
Des bouleversements diplomatiques qui mettent l’Algérie au pied du mur
La tournée d’Attaf échoue à dissimuler une réalité politique qui se renforce progressivement : l’Algérie se retrouve diplomatiquement isolée sur le dossier du Sahara.
Les positions européennes évoluent clairement en faveur du Maroc, poussées par des intérêts économiques, des alliances sécuritaires, ainsi que des pressions continues des États-Unis et de la France.
Cette mutation ne se limite pas aux grandes capitales. Même les pays scandinaves, qui ont longtemps été moins impliqués dans le conflit, semblent désormais s’orienter vers un soutien à l’initiative marocaine.