Dans un tableau qui résume la crise d’identité rencontrée par le Parti de la justice et du développement (PJD), ce dernier s’engage vers son neuvième congrès national, en proie à une série de décisions révélant des contradictions flagrantes dans ses priorités. Alors qu’il rejette l’invitation du Premier ministre Aziz Akhannouch, du premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) Nouredine Messaoudi et d’autres leaders nationaux, il ouvre, en revanche, ses portes à une délégation du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, comme si nous avions affaire à une branche régionale de l’organisation et non à un parti politique marocain. Cette situation ne traduit pas seulement un décalage dans la vision, mais elle met également en lumière la profondeur de la crise stratégique que traverse le parti.
Les justifications fournies par le parti pour écarter des personnalités nationales s’effondrent lorsqu’on les compare à l’accueil chaleureux réservé à une délégation étrangère. Si l’absence d’invitation d’Akhannouch est justifiée par un « conflit d’intérêts », quel est donc le raisonnement logique derrière l’accueil de représentants d’un mouvement qui n’a aucun lien avec la réalité politique marocaine ? Il convient de souligner que les dirigeants de ce mouvement ont une position contre l’intégrité territoriale du Royaume et n’ont cessé d’exprimer leur soutien au Polisario. N’est-ce pas là une preuve accablante que le parti a perdu sa boussole nationale et est devenu prisonnier d’une vision étroite qui mélange priorités stratégiques et positions émotionnelles ?
Derrière ces décisions se cache l’ombre d’Abdelilah Benkirane, qui semble avoir transformé le parti en « caserne » personnelle. Le parti qui était jadis une force politique se trouve désormais à l’orbite d’un leader préférant le conflit au dialogue, et l’isolement à l’ouverture. Benkirane, qui a manifesté récemment une certaine confusion dans l’approche des dossiers nationaux, persiste à diriger le parti vers une solitude accrue.
Le congrès national, qui aurait pu être une occasion de révision et de renouveau, se transforme sous cette direction en une plateforme pour régler des comptes. Au lieu d’être une étape vers un dialogue national constructif, il devient un terrain d’exposition d’attitudes idéologiques stériles. N’est-il pas paradoxal qu’un parti censé faire partie du système démocratique refuse les règles de fonctionnement politique saine ?
La plus grande contradiction réside dans les critères du parti en ce qui concerne ses partenaires. Tandis qu’il écarte les forces politiques nationales, il cherche une légitimité importée à travers des alliances extérieures. Cette ambiguïté pose une question existentielle : ce parti est-il encore aptes à représenter un quelconque secteur de la population marocaine, ou est-il devenu simplement un écho de visions obsolètes ?
Aujourd’hui, la justice et le développement se trouvent à un carrefour décisif. Il doit soit revenir à ses racines nationales et participer à la vie politique en toute responsabilité, soit continuer sa dérive vers la marginalité. Un Maroc qui évolue rapidement ne peut se permettre d’accueillir des partis vivant dans le passé, insistant sur un discours que le réel a dépassé.