Paris célèbre l’héritage d’Edmond Amran El Maleh

Paris célèbre l’héritage d’Edmond Amran El Maleh

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Edmond Amran El Maleh Festival du Livre de Paris

Le palais de la ville de Paris a accueilli, samedi, une rencontre exceptionnelle et émouvante en hommage à la mémoire de l’écrivain et penseur de renom, Edmond Amar, symbole de la littérature marocaine. Cet événement s’inscrit dans le cadre du programme « Messages du Maroc » qui clôture les activités des trois jours du pavillon marocain, invité d’honneur du Festival de Paris du livre.

Ce rassemblement, dirigé par Idriss Kherrouz, président de la Fondation Edmond Amar, a réuni plusieurs amis du défunt et passionnés de son œuvre prolifique, parmi lesquels le conseiller royal, président fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, André Azoulay, l’académicien Mohamed Tazi, et la réalisatrice de films documentaires, Simone Bitton.

Dans une salle comble, les intervenants ont partagé leurs points de vue sur l’héritage remarquable de cet écrivain et intellectuel « engagé » qui continue de fasciner à travers son parcours et ses écrits, inspirant une imagination sans limites.

À cette occasion, Azoulay a déclaré que le défunt Edmond Amar était « un compagnon de route exceptionnel et un homme de haute qualité, un mentor éclairé et un pionnier ». Il a également soutenu que « le regretté Edmond aurait été le plus heureux des Marocains en ce jour, 12 avril 2025, au milieu de ces milliers de visiteurs venus célébrer les livres et discuter autour de ceux-ci », rappelant qu’ils partageaient tous deux l’amour de la ville d’Essaouira.

Azoulay a exprimé son « infini gratitude » envers le défunt « pour les plus belles pages qu’il a écrites sur cette épopée essaouirienne, et pour son judaïsme éclairé qui nous a appris, tout comme à bien d’autres, dès le début, que le respect de la dignité et de la liberté de l’autre, celui qui est devant nous et qui n’est pas juif, est ce qui constitue et nourrit la pérennité de la judaïcité marocaine ainsi que sa dimension morale et son actualité philosophique et sociale ».

Il a mis en lumière « l’unicité et l’essence de ce penseur exceptionnel, qui a su allier son engagement politique et national à sa soif inextinguible de raconter et de partager sa passion marocaine, avec cette empreinte singulière qui le rend toujours présent dans les histoires qu’il nous raconte ».

Azoulay a expliqué pourquoi Edmond Amar est resté, jusqu’à sa mort, « attaché aux mêmes convictions, à la même colère, à la même radicalité », lorsqu’il sentait que son Maroc n’était pas compris, comme il le disait sans détour : « trahi » par ceux qui, à ses yeux, n’avaient pas su apprécier dans leurs écrits ou interventions la véritable valeur de la profondeur et de la richesse du patrimoine culturel, social et historique de la civilisation marocaine.

Le conseiller royal, qui a consacré une grande partie de son intervention au rôle crucial d’Edmond Amar « dans la compréhension, le soutien et la promotion des arts contemporains marocains », a affirmé qu’Amar était un militant, un éducateur, un poète, un critique d’art, un philosophe et un esthète de haut niveau. « Il incarnait à lui seul toute une génération, une combinaison vivante d’une école qui a fait du Maroc le lieu fondateur de son œuvre ».

André Azoulay, évoquant les écrits d’Edmond Amar qui critiquaient la dualité entre l’art et l’artisanat, une tendance dont beaucoup ont souffert, a souligné qu’Amar avait affirmé que « nos traditions ancestrales recèlent une richesse esthétique reflétant la profondeur de la réalité sociale et culturelle de la société marocaine ». Il a mentionné Eugène Delacroix, qui considérait les tapis marocains comme de véritables œuvres d’art, à l’instar d’Henri Matisse et d’autres grands artistes qui ont souvent vu le Maroc comme une source d’inspiration majeure dans leurs choix artistiques et esthétiques.

Le conseiller royal a conclu en disant qu’Edmond Amar, par son accompagnement constant et précis de l’émergence et de l’évolution de l’école marocaine des beaux-arts, a choisi depuis 1976 de se ranger du côté d’Ahmed Cherkaoui, en le soutenant, lui qui avait ouvert grand la voie à la peinture marocaine pour qu’elle occupe sa place sur les murs des plus grandes expositions, en encourageant le public à lire ou relire les écrits d’Amar, souvent décrit comme le « peintre des mots », qui nous parlait et nous convainquait de la place centrale des arts plastiques, considérés comme une expression symbolique essentielle de l’art contemporain dans le paysage culturel de notre pays.

Lors de cette rencontre, l’accent a été mis sur la passion d’Edmond Amar pour la peinture et les arts visuels, les intervenants ayant abordé ses œuvres aux multiples influences.

Dans son analyse des écrits de ce grand penseur, Tazi estime qu’ils représentent une « littérature tardive », car Edmond Amar était avant tout « un acteur politique », considérant que sa transition vers l’écriture littéraire était le « résultat d’un parcours d’écriture fragmentée et discontinue ».

Le chercheur a précisé que cette transition s’inscrit dans un processus de reconstruction du récit, consacré au Maroc avec la Constitution de 2011, dont le préambule évoque « cette identité plurielles » qui le caractérise.

Pour sa part, la réalisatrice Simone Bitton, qui a dédié son dernier film à Edmond Amar sous le titre « Mille et un jours dans la vie de Haj Edmond » (2024), a indiqué qu’il avait fallu 60 ans à ce dernier pour abandonner « le langage de bois » et « oser s’engager dans l’écriture littéraire », un style qu’il a finalement adopté pendant près de trente ans.

Elle a ajouté qu’ »il écrivait tous les jours et sur tout : publications, romans, critiques d’art, recettes de cuisine, et bien d’autres encore », reconnaissant qu’elle avait beaucoup appris de ce symbole du paysage intellectuel et culturel marocain, y compris dans le domaine des arts visuels.

Le rendez-vous a également permis d’aborder la dimension mystique dans les œuvres du défunt, suivi d’une discussion avec le public, qui a particulièrement salué l’initiative de la Fondation Edmond Amar de rééditer l’ensemble des œuvres du défunt.

Le Maroc a participé cette année au Festival de Paris du livre, qui s’est tenu au palais de la ville, en tant qu’invité d’honneur, avec un pavillon s’étendant sur 330 mètres carrés, présentant un programme riche et varié, incluant 28 rencontres dans l’espace de conférences, 16 tables rondes sur des sujets littéraires et sociaux, 10 présentations de livres et deux performances artistiques (art du slam et théâtre), ainsi qu’une table ronde internationale sur « le destin atlantique entre la France et le Maroc », en lien avec le thème de l’année : « la mer ».

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