Associations pratiquant l’extorsion sous couvert de droits, qui stoppera leurs abus et protégera les responsables à Kénitra ?

Associations pratiquant l’extorsion sous couvert de droits, qui stoppera leurs abus et protégera les responsables à Kénitra ?

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Sous prétexte de défendre les droits de l’homme, certaines associations au Maroc se livrent à des pratiques que les faits et les données de terrain révèlent. Ces associations ont transformé le militantisme en source de revenus, en s’attaquant à des dossiers sensibles, tels que l’accaparement des terres collectives, le règlement de comptes politiques et l’organisation rémunérée de manifestations.

Un ancien membre de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’homme a brisé le silence en révélant, lors d’une diffusion en direct sur Facebook, que l’association à laquelle il appartenait payait les participants aux manifestations. Cette déclaration soulève une question percutante : les slogans rémunérés font-ils désormais partie du « militantisme civil » ?

Les faits vont au-delà des slogans. Certaines de ces associations jouent le rôle d’intermédiaires dans des dossiers de logement et de construction illégale, s’immisçant dans les affaires judiciaires en tant que « défenseurs des droits », tout en poursuivant en réalité des agendas cachés motivés par des intérêts étroits. Ces mêmes associations deviennent des outils de chantage au profit de puissants et exploitent des questions liées à la libération de l’espace public ou à la réhabilitation urbaine pour réaliser des gains personnels.

Avec le temps, certains dirigeants de ces associations ont accumulé d’énormes fortunes, qui n’ont rien à voir avec la nature supposée de l’engagement associatif. En fait, ces richesses proviennent de relations douteuses, d’opérations de courtage et d’interventions illégales dans des affaires sensibles. Les associations qui arboraient le slogan de l’indépendance fonctionnent désormais comme des bras armés de groupes ayant des intérêts directs, et sont financées pour abattre leurs adversaires ou pour faire pression en faveur de marchés.

Certaines de ces associations offrent aujourd’hui ce qui ressemble à un « service » de vente de plaintes malveillantes. Elles choisissent une cible, préparent une plainte, puis la brandissent dans les médias ou la présentent aux autorités, dans le but de créer une pression et d’obtenir des compensations. Le chantage est devenu systématique, protégé par la « qualité de défenseur des droits » qui confère à ces associations une marge de manœuvre absent chez les acteurs ordinaires.

Lorsque Abdelhamid El Messiri a été nommé wali de la préfecture de Kénitra, l’une de ces associations a appelé à une manifestation devant le siège de la préfecture. Soudain, elle a fait marche arrière. Des sources locales ont lié cette décision à une tentative d’extorsion ratée visant à inciter le wali à recevoir des représentants de l’association, afin de prendre des photos et de présenter l’association comme un acteur pertinent dans les affaires locales, en vue de futures « interventions » dans des dossiers liés à l’immobilier et aux projets de développement.

Ces comportements n’ont pas échappé à une réaction officielle. Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a tiré la sonnette d’alarme, affirmant devant le Parlement que l’ère du désordre est révolue. Il a précisé que le dépôt de plaintes contre les élus ne relèvera pas des associations, mais uniquement des prérogatives du ministre de l’Intérieur, qui est l’entité habilitée à surveiller la gestion financière des collectivités. Il a justifié cela en soulignant que des plaintes malveillantes émises par certaines associations sont devenues une épée de Damoclès au-dessus des élus, dissuadant ainsi les compétences de se porter candidates.

Ouahbi a considéré que l’ouverture d’enquêtes judiciaires pendant deux ans sur la base d’une plainte d’associations « prétendant » protéger les fonds publics nuit à l’engagement politique, en réaffirmant que la surveillance des fonds de l’État est de la responsabilité des institutions étatiques, et qu’un citoyen peut faire remonter ses remarques à ses représentants au Parlement au lieu de compter sur des associations ayant perdu le cap et s’étant transformées en outils de pression et de profit.

La question cruciale est maintenant : qui rend compte de ces associations ? Qui surveille leurs sources de financement ? Qui suit les richesses de leurs dirigeants ? Et qui les empêche de continuer à saper la confiance dans l’engagement à la fois en matière de droits humains et de politique ?

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