Bennali : Nous avons pris 20 ans de retard en matière d’efficacité énergétique et nous œuvrons à changer la philosophie du secteur

Bennali : Nous avons pris 20 ans de retard en matière d’efficacité énergétique et nous œuvrons à changer la philosophie du secteur

- in Economie

Leïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a annoncé que son ministère travaille actuellement à simplifier les concepts d’efficacité énergétique et à opérer un changement philosophique profond qui aurait dû être adopté il y a vingt ans. Elle a souligné des retards évidents dans ce secteur, malgré le fait qu’il constitue le pilier secondaire de la stratégie énergétique depuis 2009.

Lors d’une réunion de la Commission de contrôle des finances publiques et de la bonne gouvernance, consacrée à la gouvernance de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique et à ses programmes futurs, Benali a affirmé que l’efficacité énergétique posait désormais des questions fondamentales au niveau de l’État, et qu’elle ne devait pas être abordée de manière technocratique ou se limiter à des décisions de bureau, mais nécessitait une large interaction entre divers acteurs.

Elle a indiqué que le premier défi concernait la philosophie de l’investissement et du financement public, précisant que le ministère s’efforce de convaincre différents acteurs que l’investissement dans l’efficacité énergétique peut permettre d’économiser jusqu’à 30 % de l’énergie. Elle a mentionné que le ministère avait lancé une expérimentation de « contrat de performance énergétique » dans la région de l’Est avec plusieurs collectivités, mais avait rencontré des obstacles dus à la préparation insuffisante des cadres conceptuels au sein du ministère des Finances, ce qui reflète la nécessité d’un changement de philosophie, et pas seulement d’une mise en œuvre de programmes.

Benali a révélé que cette transformation dans la pensée faisait partie d’une réforme institutionnelle à laquelle le ministère travaille, touchant l’Agence de l’efficacité énergétique et d’autres institutions associées, en soulignant que ce changement profond aurait dû être amorcé depuis les années 1990.

Le deuxième défi abordé par la ministre concerne la formation et l’enseignement supérieur, où elle a insisté sur la nécessité de réorienter les formations vers les domaines de l’efficacité énergétique, de l’eau et de l’économie circulaire. Elle a souligné qu’il existe des instituts dans ce domaine qui affichent un taux d’insertion de 100 %, mais que la plupart des formations restent concentrées sur la production, tandis que le besoin actuel se tourne vers la formation de techniciens et d’ingénieurs dans les domaines de la consommation rationnelle et de la préservation des ressources.

Elle a ajouté que le troisième défi concerne la relation du citoyen avec la philosophie de l’efficacité énergétique, appelant à donner aux citoyens la possibilité d’être à la fois producteurs et consommateurs. Elle a évoqué le succès d’une expérience lancée par le ministère en 2022 pour soutenir l’économie d’énergie, où la participation des citoyens a contribué à des résultats positifs en matière de consommation énergétique, comme l’ont confirmé les chiffres.

La ministre a défendu la distribution d’une récompense de 240 millions de dirhams provenant du Fonds de production énergétique, indiquant que cette mesure avait permis d’économiser l’équivalent de 800 millions de dirhams sur le budget de l’État, malgré des objections au sein du secteur.

Elle a précisé que l’autonomisation énergétique des citoyens, notamment en les rendant producteurs, représente une avancée démocratique qui renforce leur capacité à surveiller et à réduire leurs factures d’énergie.

Concernant l’électrification, Benali a estimé que les zones restantes non raccordées ne dépassent pas 10 %, mais qu’elles sont les plus difficiles à couvrir. Elle a souligné l’importance de développer des modèles flexibles et adaptés aux besoins des collectivités locales, en mentionnant le succès de cette approche après le tremblement de terre, où l’électricité a été généralisée avec une qualité élevée dans le cadre du programme rural global.

Elle a appelé à faire du changement philosophique et législatif en matière d’efficacité énergétique un sujet de consensus national, loin des calculs politiques, en affirmant que son succès nécessiterait la convergence des efforts de la majorité et de l’opposition.

Elle a terminé en évoquant des améliorations dans le programme d’efficacité dans le secteur industriel, où 70 entreprises ont été formées, permettant d’atteindre une économie d’énergie de 9 %, avec une participation féminine de 27 %. Des primes ont également été attribuées aux citoyens participant aux programmes d’efficacité, qui ont permis une économie d’énergie équivalente à la consommation annuelle de la ville de Meknès.

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