Dans un contexte où plusieurs regimes arabes autoritaires cherchent à se présenter comme des défenseurs de la cause palestinienne, en brandissant haut les slogans de « résistance » et de « refus de normalisation » sur la scène internationale, la réalité sur le terrain révèle le caractère fallacieux de ces discours, dévoilant des pratiques qui n’ont aucun lien avec la rhétorique politique officielle.
Dernièrement, des faits entourant le navire commercial CAPTAIN CHRISTOS, qui a accosté au port de Béjaïa en Algérie le 11 avril dernier avant de se diriger, le 18 du même mois, vers le port d’Ashdod en Israël, ont attiré l’attention.
Selon les données du trafic maritime, ce bateau, battant pavillon du Togo, a quitté le port de Béjaïa à destination d’Ashdod sans préciser la nature de sa cargaison. Ce transfert direct et rapide a soulevé de nombreuses questions sur la nature des relations commerciales entre l’Algérie et Israël, en dépit des déclarations de refus catégorique faites par le régime algérien à cet égard.
Pour aggraver la situation, aucune clarification officielle n’a été fournie par les autorités algériennes face à l’ampleur de cette affaire et à l’intérêt médiatique qu’elle a suscité. Que transportait donc ce navire depuis l’Algérie vers Israël? Pourquoi le gouvernement ne dévoile-t-il pas les détails de cette cargaison?
Le régime algérien ne manque jamais une occasion de condamner la normalisation avec Israël, que ce soit vis-à-vis d’autres pays arabes ou dans les médias. Il utilise souvent un discours révolutionnaire populiste dans les forums internationaux, se présentant comme l’un des derniers remparts de la défense de la cause palestinienne.
Cependant, la réalité montre autre chose : les ports algériens sont ouverts aux navires se dirigeant vers Israël, et les transactions commerciales semblent se poursuivre, tant qu’elles s’opèrent dans le silence et loin des caméras.
Cette affaire a également mis en lumière un silence troublant de la part de la « Coalition Marocaine de Soutien à la Palestine et de Lutte contre la Normalisation », qui réunit de nombreux militants et organisations, dont la plus notable est le Groupe « Justice et Bienveillance ». Cette coalition avait suscité un grand émoi au Maroc il y a quelques mois, lorsqu’elle avait refusé l’accostage d’un navire de la compagnie « Maersk » dans un port marocain, arguant qu’il transportait du matériel militaire vers Israël.
Bien que la société mondiale ait officiellement démenti ces allégations, affirmant qu’il n’existait pas de ligne maritime directe entre le Maroc et Israël et aucune relation avec le transport d’équipements militaires, la coalition avait alors organisé des manifestations et brandi des slogans vigoureux contre la normalisation maritime.
Aujourd’hui, concernant le navire venant d’Algérie vers Israël, aucune déclaration ou manifestation n’a été enregistrée de la part de ces mêmes organisations. La normalisation est-elle désormais refusée uniquement quand elle émane du Maroc, et acceptée lorsqu’elle concerne le voisin de l’est?
Ce qui renforce les doutes, c’est l’absence de toute réaction officielle de la part des autorités algériennes ou des personnalités politiques et médiatiques connues pour leur discours anti-marocain, qui n’ont pas manqué de critiquer durement le Maroc pour ses « relations avec Israël » il y a quelques jours.
Où sont donc ces personnalités aujourd’hui? Pourquoi n’appellent-elles pas leurs partisans à manifester au port de Béjaïa? Est-ce que la « résistance » en Algérie est selective, changeant en fonction de l’entité accusée de normalisation?
Tous les éléments indiquent l’existence de relations commerciales se déroulant sous le radar, gérées selon le principe « nous ne normalisons pas publiquement… mais nous commerçons dans l’ombre ». Cela contredit tous les discours que promeut l media officiel algérien, qui n’hésite pas à distribuer les accusations de « trahison » et de « normalisation » aux autres pays.