Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Ameen Tehrawi, a confirmé que le pays vise à passer de 17,4 professionnels de santé pour 10 000 citoyens, qui était le taux enregistré en 2022, à 45 professionnels d’ici 2030, et ce, en mettant en place des incitations pour attirer des médecins étrangers à travailler au Maroc.
Cette déclaration a été faite en réponse à une question écrite du président du groupe Haraki à la Chambre des représentants, Idriss Sentissi, concernant « la mise en œuvre de la loi relative à la fonction sanitaire ». Le ministre a souligné que le renforcement des établissements de santé à travers des ressources humaines adéquates représente une priorité urgente pour le ministère.
Tehrawi a attribué les problèmes rencontrés par le secteur de la santé marocain à « la rareté du personnel médical et infirmier, principalement due à plusieurs facteurs externes, notamment l’attractivité limitée du secteur public et la forte concurrence entre pays étrangers pour attirer des professionnels de la santé afin de combler leurs propres manques. De plus, il existe une répartition inégale des ressources humaines à travers le royaume, et un désintérêt pour rejoindre des établissements de santé situés dans les zones rurales et éloignées, en particulier pour les médecins généralistes face à ces contraintes ».
Il a également noté que le ministère a mis en œuvre plusieurs mesures stratégiques visant à remédier à la problématique du manque de personnel dans le système de santé national et à améliorer la qualité des services de santé, notamment par le biais d’un renforcement de la formation et du développement professionnel des personnels de santé, ainsi que par des investissements dans le secteur de la santé, dont le coût a dépassé 3 milliards de dirhams. « La mise en œuvre de ce programme nous permettra de passer de 17,4 professionnels de santé pour 10 000 habitants, enregistrés en 2022, à 45 professionnels pour 10 000 habitants d’ici 2030, en conformité avec les normes de l’Organisation mondiale de la santé pour atteindre les Objectifs de développement durable ».
La même source a indiqué que l’année 2024 a enregistré une augmentation de 88 % du nombre de places pédagogiques allouées aux facultés de médecine, de pharmacie et de dentisterie par rapport à 2019, avec l’intention de continuer à augmenter ce nombre et d’ouvrir 7543 places à partir de 2027, comme prévu dans le cadre de la convention-cadre.
Concernant les infirmiers et techniciens de la santé, cette augmentation a atteint 206 % pour le cycle de licence avec 8360 places pédagogiques en 2024, et 353 % pour le cycle de master entre 2020 et 2024 (680 places pédagogiques en 2024), avec l’objectif d’atteindre 11 900 places pédagogiques à partir de 2029.
Tehrawi a également mentionné que le ministère travaille actuellement à créer 16 équipes de recherche et 4 laboratoires de recherche au niveau doctorat dans les écoles supérieures des professions infirmières et des techniques de santé, en coordination avec divers partenaires gouvernementaux et sociaux. De plus, le nombre de postes ouverts à l’examen de résidence augmentera de 100 par an pour l’examen de résidence contractuelle et de 50 pour l’examen de résidence non contractuelle pour les médecins spécialisés sur cinq ans.
Il a également affirmé que des efforts sont en cours pour renforcer l’offre de soins de santé et augmenter le nombre de professionnels de la santé, notamment par l’augmentation du nombre de postes budgétaires alloués à l’embauche de personnel de santé, passant de 4000 postes en 2019 à 6500 prévus en 2025, tout en renforçant les prérogatives des services décentralisés du ministère par un transfert de signature pour organiser des concours de recrutement régionaux depuis la fin de 2020, ce qui permet une flexibilité accrue dans la gestion des pénuries dans certaines régions en matière de personnel médical et infirmier, tout en tenant compte des spécificités de chaque zone dans le cadre du fonctionnement des groupes de santé territoriaux.
Le ministre a également fait état de l’adoption de mécanismes innovants pour gérer certaines spécialités vitales, tel que le programme médical régional visant à distribuer les compétences médicales de manière équitable entre les régions, et à améliorer la distribution et la mobilité du personnel de santé au sein des régions pour surmonter le problème de l’instabilité des médecins dans certaines zones reculées ou leur réticence à y travailler.
Dans le même ordre d’idées, la loi n° 33-21 a été promulguée, permettant aux médecins étrangers d’exercer au Maroc, avec de nouvelles mesures incitatives visant à garantir un regain d’attractivité pour ces professionnels. Cette démarche ouvre la voie à l’attraction de compétences étrangères dans le domaine médical pour combler le déficit en ressources humaines, notamment dans les spécialités qui souffrent d’un manque notable, signalant que le royaume compte actuellement 580 médecins étrangers exerçant.