Abderrahim Chafii, président de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), a souligné l’importance croissante de la réforme des systèmes de retraite et de pension en Afrique, appelant à en faire une priorité dans les politiques de développement du continent et à renforcer la coopération entre les pays pour surmonter les défis communs.
Son intervention a eu lieu lors de la session d’ouverture du sixième forum annuel de l’Association africaine des superviseurs de retraites (APSA), qui a débuté ce jeudi à Marrakech, sous le thème : « Renforcer la résilience et la durabilité des systèmes de retraite en Afrique ».
Le président de l’ACAPS a noté que le forum se tient à un moment stratégique marqué par des transformations démographiques, économiques et technologiques rapides, ainsi que par une volonté politique émergente de nombreux pays de faire des systèmes de retraite un véritable levier d’inclusion et de stabilité sociale.
Chafii a mis en garde contre les défis croissants auxquels font face les systèmes de pension sur le continent, notamment la faible couverture de la population active, l’ampleur de l’économie informelle, les déséquilibres structurels, les évolutions des parcours professionnels et la vulnérabilité accrue de certaines catégories, en particulier les femmes et les personnes âgées en milieu rural.
Il a précisé qu’en Afrique, moins de 11 % des personnes en âge de travailler bénéficient d’une couverture en matière de retraite, et seulement un tiers des personnes âgées perçoivent une pension, selon des données de la Banque mondiale et de l’Organisation internationale du travail, ce qui illustre la fragilité des systèmes de protection sociale sur le continent.
Chafii a affirmé que ces défis nécessitent des solutions innovantes adaptées aux spécificités africaines, basées sur la solidarité, la durabilité et la transparence, appelant à la mise en place de mécanismes hybrides combinant systèmes contributifs et non contributifs, et à étendre la couverture pour inclure les travailleurs du secteur informel, ainsi qu’à évoluer vers une supervision axée sur l’analyse des risques.
Il a évoqué l’expérience marocaine, soulignant qu’ACAPS accompagne le chantier royal concernant la généralisation de la protection sociale, lancé en 2021. Il a également noté que le taux de couverture des retraites au Maroc a atteint 49 % de la population active, et devrait dépasser 80 % à long terme grâce aux réformes en cours.
Chafii a révélé que les systèmes de retraite marocains présentent une certaine fragilité financière, avec des prévisions d’épuisement des réserves du système de retraites civiles d’ici 2031, tandis que les réserves du Fonds national de sécurité sociale (CNSS) devraient s’épuiser en 2037, alors que le Fonds RCAR pourrait fonctionner jusqu’en 2051.
En conclusion, Chafii a considéré que le forum constitue un espace d’échange d’expériences et de recherche de voies innovantes et de coordination entre les organes africains pour renforcer leurs capacités dans la conduite de réformes audacieuses et inclusives, tout en réintégrant la question des retraites au sein des priorités de développement humain et social en Afrique.
Il convient de noter que ce forum, organisé en partenariat avec l’APSA et l’agence FSD Africa, rassemble des responsables et des organismes de réglementation africains, ainsi que des représentants d’organisations internationales, d’experts et d’instituts de recherche, dans le but d’échanger des meilleures pratiques et de renforcer la gouvernance et la durabilité des systèmes de retraite sur le continent.
Ce forum est la première édition à se tenir au Maroc, et s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du royaume dans le débat africain sur les questions de protection sociale et de justice économique.