Le discours du roi Mohammed VI, à l’occasion du 25e anniversaire de la Fête du Trône, était chargé d’une vision stratégique cohérente, qui encadre le parcours de l’État marocain dans sa prochaine phase. Il rappelle les fondements profonds sur lesquels repose l’expérience de modernisation politique, sociale et économique depuis l’accession de Sa Majesté au trône. Ce discours n’était pas simplement un récapitulatif des réalisations, mais un appel clair à un nouveau saut dans la conception de l’État et du territoire, soulignant que le Maroc ne se contente pas de gérer le présent, mais forge l’avenir avec confiance et clarté.
S’inscrivant dans cette vision, le roi a abordé les principaux indicateurs économiques qui renforcent la position du Maroc en tant que pays en développement. Il a insisté sur le fait que le progrès réalisé n’était pas le fruit du hasard, mais le résultat de choix de développement judicieux et d’une stabilité institutionnelle qui s’étend sur un quart de siècle. Ce progrès s’est notamment manifesté dans le renouveau industriel du royaume, où les exportations ont doublé depuis 2014, et où des secteurs vitaux tels que l’industrie automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables sont devenus des piliers stratégiques de l’économie nationale.
Les réalisations ne se sont pas limitées aux chiffres et à la croissance, mais se sont étendues à de grands projets d’infrastructure couvrant le transport et la connectivité énergétique. Sa Majesté a mentionné le lancement de l’extension de la ligne de train à grande vitesse, ainsi que des programmes liés à la sécurité hydrique et à la souveraineté alimentaire, ce qui reflète une prise de conscience royale que le développement ne peut être complet sans une vision intégrée reliant production et bien-être.
Cependant, le roi, fidèle à son approche du progrès, n’a pas négligé l’autre facette de la réalité. Il a exprimé clairement que le développement n’avait pas de signification si son impact n’était pas ressenti directement par les citoyens. D’où l’affirmation forte que les indicateurs de croissance ne suffisent pas tant que les inégalités régionales persistent, particulièrement dans les zones rurales et marginalisées. Le discours royal a dessiné ici une ligne de démarcation entre un ancien modèle et un nouveau modèle de développement, fondé sur la justice spatiale et l’égalité des chances.
Dans ce contexte, Sa Majesté a appelé au lancement d’une nouvelle génération de programmes de développement territorial, basés sur la régionalisation avancée et l’intégration entre les régions. Ces programmes, a-t-il précisé, doivent aller au-delà des approches sectorielles traditionnelles, en adoptant une approche territoriale globale qui met l’accent sur la valorisation des atouts locaux, le renforcement de l’emploi, et la garantie de l’équité dans les services de santé et d’éducation, tout en assurant une gestion intelligente des ressources en eau. C’est une démarche qui traduit de manière concrète la volonté royale de construire un Maroc qui progresse d’un même pas, et non à deux vitesses.
Ce lien entre développement et territoire n’était pas isolé du facteur politique, puisque le discours a souligné la nécessité de se préparer rapidement aux prochaines élections législatives et d’assurer la clarté du cadre légal qui les encadre avant la fin de l’année. C’est un message qui reflète une volonté royale de renforcer les institutions, d’enraciner la crédibilité démocratique, et d’anticiper les défis afin de renforcer la confiance des citoyens dans le parcours politique.
Etant donné que la position régionale du Maroc fait partie de sa stratégie, Sa Majesté a consacré une part importante de son discours aux relations avec l’Algérie, renouvelant son appel sincère au dialogue et à l’ouverture, tout en affirmant que le peuple algérien reste un peuple frère, lié aux Marocains par l’histoire et le destin commun. L’invitation royale n’était pas protocolaire, mais marquée par une conviction claire que surmonter les différends est possible, et que la construction d’un grand Maroc actif ne peut se réaliser sans un engagement commun et réel.
Dans ce même esprit, la question du Sahara marocain n’a pas été absente du discours, où le roi a exprimé sa satisfaction quant au soutien international croissant en faveur de l’initiative d’autonomie, tout en saluant les positions claires de plusieurs grandes puissances, comme le Royaume-Uni et le Portugal, qui se sont ajoutées à une longue liste de pays soutenant l’intégrité territoriale du royaume. Cette accumulation diplomatique est indissociable du leadership calme et ferme avec lequel le Maroc gère ce dossier, loin des tensions ou des manœuvres.
Enfin, Sa Majesté a conclu son discours par une expression de fierté envers toutes les composantes des forces de sécurité et militaires, saluant leur dévouement sous sa conduite, tout en rendant hommage avec respect aux âmes pures des martyrs, à commencer par les regrettés Mohammed V et Hassan II, dans un geste de fidélité qui renforce la continuité de l’État et la responsabilité qui guide sa relation avec le citoyen.
Ainsi, le discours de la Fête du Trône n’était pas simplement un moment festif, mais un document politique et social par excellence, reflétant la maturité de l’État marocain sous une direction royale qui allie réalisme et ambition, et place l’humain au cœur de chaque transformation, dans toutes les politiques et enjeux. Ce discours confirme une fois de plus que le projet marocain n’est pas une réaction aux crises, mais une construction rationnelle d’un avenir plus équitable et inclusif, dans la logique d’un État qui sait ce qu’il veut et comment y parvenir.