Hicham El Mahjari, membre du bureau politique du Parti de l’Istiqlal et député, a accusé les deux gouvernements précédents d’être directement responsables de l’escalade des manifestations sociales dans la région d’Ait Boukmaz, affirmant que les politiques publiques de cette période ont échoué à traiter les écarts régionaux et à répondre aux besoins fondamentaux des populations.
El Mahjari a déclaré, lors d’une intervention au cours d’une séance sur le soutien social dans le cadre de l’université d’été du parti, que les gouvernements passés n’avaient pas réussi à activer le Fonds de réhabilitation sociale mentionné à l’article 142 de la Constitution. Il a souligné que ce fonds, créé par la loi de finances de 2016, n’avait pas reçu les ressources nécessaires et est resté sans réelle mise en œuvre malgré près d’une décennie.
Il a précisé que la Cour constitutionnelle a dû intervenir après un recours sur le sujet, ce qui a conduit à l’injection de dix millions de dirhams dans le fonds. Toutefois, cela n’a été que du papier, car la loi avait fixé une durée de travail de douze ans se terminant en 2027.
Dans le même ordre d’idées, El Mahjari a critiqué la gestion du programme de réduction des écarts régionaux, lancé sur ordre royal, considérant que le conflit politique au sein des gouvernements d’Abdelilah Benkirane et de Saadeddine El Othmani avait conduit à faire de ce programme une compétence du ministère de l’Agriculture au lieu de l’attribuer aux régions, comme le prévoit la loi organique n° 113.14 relative aux collectivités territoriales. Il a jugé que ce transfert a entravé l’accès aux catégories vulnérables dans les zones rurales et périphériques.
El Mahjari a également évoqué les manifestations observées à Ait Boukmaz, soutenant que l’approche des prochaines élections a incité certains acteurs politiques à intervenir, alors que les causes de ces manifestations sont liées aux échecs des gouvernements successifs à lutter contre la pauvreté et l’exclusion.
Il a répondu avec vigueur aux critiques formulées par l’ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane à l’égard du gouvernement actuel, qu’il a qualifié de « voleur », affirmant que le gouvernement ne fait que mettre en œuvre les dispositions de la loi-cadre relative à la protection sociale adoptée par le gouvernement El Othmani en 2020. De plus, il a ajouté que le gouvernement actuel a même dépassé cela en émettant un décret exceptionnel pour aider les familles avant la généralisation de la couverture sociale.
Dans ce contexte, El Mahjari a révélé que le décret du programme de soutien aux orphelins, publié pendant le mandat de Benkirane, stipule clairement que les bénéficiaires de cette aide ne peuvent pas cumuler cette dernière avec tout autre soutien provenant du budget de l’État ou des collectivités territoriales, notamment le programme « Tayssir » de soutien à l’éducation, ce qui a privé les orphelins, selon ses dires, d’un montant supplémentaire de 90 dirhams.
Il a souligné une incohérence dans la gestion des privilèges politiques, notant que le même gouvernement précédent n’avait pas imposé de restrictions similaires aux présidents de collectivités qui cumulaient des indemnités municipales et des salaires parlementaires. Il a ajouté que cette décision avait été signée par le Premier ministre lui-même, qui accuse son successeur de vol.
El Mahjari a appelé à sortir le dossier de la couverture santé et de la protection sociale des tiraillements politiques, affirmant qu’il s’agissait d’un processus stratégique pour l’État marocain qui ne devrait pas devenir un sujet de marchandage partisan. Il a souligné que les chiffres sociaux actuels demeurent préoccupants, avec la moitié des familles marocaines incapables de payer 150 dirhams pour s’inscrire à « Amo Solidarité », tandis que 5 millions de familles ont demandé une aide sociale directe.
Il a insisté sur le fait que le débat politique devrait se concentrer sur la réduction du nombre de familles bénéficiant d’aides à travers l’amélioration de leurs conditions de vie, plutôt que de se contenter de discuter des indicateurs de croissance et des taux de déficit budgétaire, qui ne reflètent pas l’ampleur de la précarité sociale au Maroc.