Le calendrier de réalisation du projet de tunnel maritime reliant le Maroc à l’Espagne à travers le détroit de Gibraltar est désormais repoussé à 2040, au lieu de l’échéance initialement prévue avant le début de la Coupe du Monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal. C’est ce qu’a révélé un rapport récent du journal espagnol “Crónica Balear”, soulignant que le projet fait face à des défis techniques et d’ingénierie complexes qui ont conduit à une réévaluation des délais.
Ce projet tant attendu vise à relier Tanger à la ville de Tarifa, dans le sud de l’Espagne, via un tunnel ferroviaire d’une longueur estimée entre 42 et 60 kilomètres, dont environ 28 kilomètres sous la mer. Le coût total du projet est estimé à 15 milliards d’euros, financé conjointement par le Maroc et l’Espagne, avec un soutien financier de l’Union européenne. En 2024, un montant de 2,7 millions d’euros a été alloué pour financer les études préliminaires, supervisées par l’association espagnole d’études des communications fixes à travers le détroit et son homologue marocaine.
Les travaux en cours se concentrent sur deux études principales : la première, géotechnique, examine le seuil “Camarinal” au fond du détroit où le tunnel sera creusé, tandis que la deuxième est dédiée à la surveillance de l’activité sismique dans la région. La société allemande Herrenknecht Ibérica, spécialisée dans le forage de tunnels, est chargée de mener à bien ces études, dont l’achèvement est prévu pour septembre 2025.
Les défis auxquels fait face le projet ne sont pas simples, en raison de la nature géologique complexe du détroit, qui atteint une profondeur de 475 mètres, ainsi que du niveau élevé d’activité sismique qui exige des techniques avancées de creusement et de construction. Cette situation soulève de réelles inquiétudes quant à la possibilité de nouvelles retards à l’avenir si les travaux venaient à se compliquer.
Une fois achevé, le tunnel entraînera une transformation qualitative des liaisons entre l’Europe et l’Afrique, permettant de réduire le temps de trajet entre Madrid et Casablanca à cinq heures et demie, contre douze heures actuellement, et facilitant le transport de plus de 12 millions de passagers et 13 millions de tonnes de marchandises chaque année. Le Maroc mise sur cette infrastructure pour renforcer sa position en tant que point de connexion stratégique entre les deux continents dans les domaines du commerce, de la logistique et du tourisme, notamment en raison de l’initiative de l’Union européenne de diversifier les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Malgré les ambitions affichées, la question reste en suspens : le Maroc et l’Espagne parviendront-ils à surmonter les obstacles techniques et financiers pour réaliser ce projet stratégique dans le nouveau délai imparti ou le rêve sera-t-il encore reporté pendant plusieurs années ?