Rituels de l’Achoura : entre spiritualité, supercherie et absence des autorités de l’ordre public.

Rituels de l’Achoura : entre spiritualité, supercherie et absence des autorités de l’ordre public.

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Avec le passage de la nuit du dixième de Muharram, qui représente pour les Marocains un moment spirituel et religieux particulier, certaines pratiques et comportements émergent qui portent atteinte à la sainteté de cette occasion, soulevant de nombreuses interrogations sur l’absence totale des autorités d’application de la loi dans l’espace numérique et matériel.

Alors que les gens attendent ces jours bénis pour se rapprocher de Dieu par le jeûne, les aumônes et le maintien des liens familiaux, les réseaux sociaux, notamment Facebook, sont envahis comme jamais auparavant par des pages consacrées à la sorcellerie et à la magie, la plus célèbre étant celle dénommée « l’hôpital Facebook marocain », devenue une plateforme ouverte pour les sorciers et magiciens qui promeut leurs services sans aucune restriction.

Ce qui inquiète vraiment, c’est que cette page reçoit des centaines de publications quotidiennes présentant des services tels que « rapprocher l’amoureux », « unir le mari à son épouse », « ouvrir la chance », et « lire l’avenir », allant même jusqu’à promettre des choses incroyables comme « faciliter l’obtention d’un visa européen », dans un cadre absurde qui met en lumière l’ampleur de l’ignorance exploitée sans scrupules par des professionnels de la supercherie.

De plus, certains de ces sorciers n’hésitent pas à partager des photos de ce qu’ils qualifient de butin, comprenant de l’argent, des bijoux et des cadeaux précieux reçus de la part de leurs victimes, dans un étalage flagrant de richesse fondée sur l’escroquerie, et en violation claire des lois qui criminalisent la sorcellerie, ainsi que des normes religieuses et éthiques sur lesquelles repose la société marocaine.

Tout cela se passe dans l’espace public virtuel, sous les yeux de tous, sans qu’aucune intervention notable des autorités compétentes ne soit observée, que ce soit de la part de la Direction générale de la sécurité nationale, du parquet, ou de la police des cybercriminalités. Où sont les instances de contrôle ? Où est l’application de la loi ? Comment peut-on laisser des pages inondées de crimes d’escroquerie entamer leurs activités sans répressive ?

Pire encore, cette situation s’aggrave durant la saison d’Achoura, où certaines traditions populaires se croisent avec des rituels magiques, créant ainsi un terreau fertile pour les sorciers qui savent parfaitement quand et comment piéger leurs victimes.

Cette réalité dangereuse appelle à une réflexion profonde, non seulement sur le comportement de certains citoyens qui recourent à la supercherie plutôt qu’à la raison, mais aussi sur la performance de l’État, surtout en ce qui concerne la lutte contre les phénomènes illégaux qui menacent la cohésion sociale, en sapant profondément les valeurs de la religion, de la raison et de la science.

Ne serait-il pas plus judicieux, à ce moment précis, de lancer des campagnes nationales pour combattre la sorcellerie numérique, tout comme on lutte contre les fausses nouvelles et les discours de haine ? N’est-il pas du devoir des autorités de réagir sérieusement pour dissuader ceux qui exploitent la misère humaine ?

Et jusqu’à quand les pages qui promeuvent l’illusion continueront-elles à avoir plus d’impact que les campagnes de sensibilisation ?

La préservation de la sainteté d’Achoura, et de sa place dans l’esprit marocain, ne passe pas seulement par le rappel de ses exploits religieux, mais nécessite également la protection de la société contre tout ce qui pourrait lui porter atteinte, en commençant par les pratiques de sorcellerie, jusqu’à l’absence incompréhensible des autorités qui sont censées représenter la loi et son autorité.

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