Le projet de soutien au festival artistique de la ville de Kénitra s’est transformé en un véritable champ de bataille, après que le Parti de la justice et du développement (PJD) a lancé une campagne féroce contre son organisation. Utilisant ses bras médiatiques et associatifs, le parti cherche à le faire échouer, évoquant des souvenirs d’années de répression culturelle durant sa gestion du conseil municipal.
Le conseil municipal a tenu aujourd’hui, mercredi, une session extraordinaire dédiée à l’approbation de partenariats avec des associations de la société civile et à l’octroi d’un soutien financier à certaines d’entre elles, notamment à l’Association du festival de Kénitra, qui organisera une manifestation artistique de trois jours. Cette session a eu lieu après l’échec de la précédente, où les conseillers du PJD avaient quitté la salle, empêchant ainsi l’atteinte du quorum et entraînant un report. Lors de la séance d’aujourd’hui, les conseillers du PJD se sont opposés au soutien financier destiné au festival, ce qui a de nouveau conduit à un report de cette discussion. La séance se tiendra demain pour continuer l’examen des points à l’ordre du jour, y compris le soutien au festival.
La position du parti n’est pas surprenante. Dès l’annonce de l’organisation du festival, il a lancé une campagne de contestation, accompagnée de discours de dénigrement et d’accusations, dans une tentative de saboter l’initiative. Le parti ne se contente pas de s’exprimer politiquement, mais mobilise également des associations sympathisantes et des pages électroniques qui lui sont liées, révélant ainsi une intention claire de bloquer tout retour à la vie culturelle de la ville.
Sous sa gestion de la commune de Kénitra, le PJD a plongé la ville dans un vide culturel pesant. Les festivals ont cessé, les salles de cinéma se sont fermées et les initiatives artistiques se sont évanouies. Le plus symbolique fut l’éradication du festival « Tamousida », qui était une fierté pour la ville, attirant un large public tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Maroc.
Aujourd’hui, après avoir été écarté des urnes, le parti reprend la même lutte contre la culture, comme si celle-ci constituait une menace qu’il fallait contenir. Au lieu de jouer un rôle d’opposition constructive, il choisit de cibler toute initiative culturelle, adoptant un comportement qui ne diffère guère de celui de la censure et de l’interdiction.
De nombreuses questions se posent dans l’opinion publique locale : qu’est-ce qui effraie le PJD dans un festival artistique ? Pourquoi s’acharne-t-il à combattre les arts et la culture à chaque occasion ? Pourquoi se renforce-t-il uniquement dans l’obscurité ?
Alors que Kénitra aspire à retrouver son statut de ville ouverte à la créativité, le parti tient à la maintenir dans une spirale de fermeture et de stagnation. Le résultat : une bataille politique absurde se livre sur le dos d’une population avide de culture, d’art et d’espace de vie.