Lorsque le colonel a déclaré : « Quand les femmes ont commencé à juger dans les tribunaux, il n’y a plus rien à dire. »

Lorsque le colonel a déclaré : « Quand les femmes ont commencé à juger dans les tribunaux, il n’y a plus rien à dire. »

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Dans l’une des affaires les plus étranges jamais vues au tribunal de Salé, une femme s’est retrouvée prise entre les mâchoires de la violence conjugale d’une part et les lacunes des procédures judiciaires de l’autre. La femme a présenté à la cour une vidéo témoignant de la terreur qu’elle a vécue avec ses enfants, où son mari – un colonel soumis au code militaire relevant de la protection civile – brisait les meubles et détruisait le contenu de la maison en présence des enfants. Cependant, le tribunal a rejeté cette preuve, estimant que cela ne constituait pas une violence directe car la vidéo ne montrait pas de scène de coups physiques.

La grande surprise s’est produite dans la salle d’audience lorsque le mari a comparu devant la juge. Quand celle-ci lui a demandé la raison de leur conflit, il a répondu que son épouse avait quitté le domicile conjugal. La juge a rétorqué que cela était ordinaire. Elle a poursuivi en posant des questions, jusqu’à ce que le colonel prononce une phrase choquante devant l’audience : “Quand les femmes ont commencé à juger dans les tribunaux, il n’y a plus rien à dire.” Cette phrase n’était pas qu’une simple maladresse verbale, mais un aperçu dévoilant une mentalité hautaine qui dévalorise les femmes et méprise l’autorité judiciaire. La juge n’a pas hésité à faire appel aux forces de l’ordre. Le colonel, essayant de faire état de son autorité en montrant sa carte professionnelle, s’est retrouvé immédiatement placé en garde à vue sur ordre du procureur de la République près le tribunal de première instance de Salé. Ainsi, l’officier a passé sa première nuit dans une cellule froide, entouré de responsables de la sécurité qui étaient, jusqu’à hier, ses collègues.

Le colonel a dû faire face à des témoignages présents dans la salle, qui comprenaient des responsables judiciaires, un greffier et des plaideurs. Et pourtant, après 48 heures en garde à vue, il a été libéré, son état ayant été qualifié de « problèmes psychologiques ».

Cette affaire met en lumière plusieurs niveaux de dysfonctionnement :
Premièrement, la problématique de la preuve dans les affaires de violence conjugale, où la loi reste incapable de protéger la femme et les enfants si la violence ne se manifeste pas sous la forme de coups directs, négligeant la violence psychologique et les menaces qui peuvent être d’une dangerosité accrue.
Deuxièmement, le choc entre une mentalité patriarcale et la logique de la justice.
Troisièmement, le véritable test de l’indépendance de la justice et de la capacité des juges, en particulier des femmes, à faire face à des mentalités conservatrices qui considèrent la femme comme inapte à rendre des jugements.

Au final, le colonel pourra sortir de l’affaire en invoquant des « troubles psychologiques », mais la blessure la plus profonde reste celle laissée dans l’âme des femmes victimes de violence, lorsqu’elles voient la loi hésiter à reconnaître leurs droits les plus élémentaires à la protection et à la dignité.

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