Le suivi
L’année 2019 a connu des transformations notables au sein des institutions de l’Union européenne, avec l’ascension d’Ursula von der Leyen en tant que première femme à la tête de la Commission européenne et la nomination de Christine Lagarde à la présidence de la Banque centrale européenne. Ce n’était pas une simple percée occasionnelle, puisque von der Leyen a été réélue pour un nouveau mandat en 2024, et Kyra Callas a été désignée représentante spéciale de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, tandis que l’Italienne Roberta Metsola a été réélue présidente du Parlement européen. Actuellement, durant la législature 2024-2029, le Parlement compte sept femmes sur quatorze vice-présidentes.
Les écarts entre les sexes persistent
Malgré ce progrès symbolique, ces réalisations ne reflètent pas l’égalité réelle entre les sexes au sein de l’Union européenne, en particulier dans les postes de direction et les domaines professionnels hautement spécialisés. La Commission européenne a fixé pour objectif d’atteindre la parité d’ici la fin de 2024, mais cela demeure non atteint, les États membres obtenant un score de 71 sur 100 selon l’Institut européen pour l’égalité entre les sexes.
Participation des femmes dans les postes gouvernementaux
– La Finlande se classe en tête des pays européens avec 63,16 % de femmes au gouvernement.
– L’Espagne 47,83 % et la Suède 45,83 %.
– En ce qui concerne les chefs de gouvernement, les femmes occupent ce poste dans seulement 4 pays sur 27, tandis que la présidence est exercée par des femmes dans seulement deux États.
Même au niveau des conseils municipaux, malgré l’application du principe de quota dans certains pays, la présidence locale reste majoritairement masculine, avec 82,5 % pour les hommes contre 17,5 % pour les femmes en France, malgré une amélioration relative de la participation féminine après les élections de 2020.
Prédominance masculine dans le secteur de la finance et des affaires
Les données d’Eurostat 2023 montrent qu’environ 3,7 millions de femmes occupent des postes de direction, contre 3,1 millions en 2014, avec des disparités entre les pays. La Suède, la Lettonie et la Pologne affichent le taux le plus élevé à 43,7 %, tandis que la République tchèque, la Croatie et le Luxembourg ont le taux le plus bas à 22,2 %.
Bien que la législation européenne exige des entreprises cotées qu’elles incluent des femmes dans les conseils d’administration (40 % pour les conseils non exécutifs ou 33 % du total des sièges) d’ici la mi-2026, la proportion de femmes dans les postes supérieurs des entreprises allemandes n’excède pas 25,7 %, alors qu’elles représentent environ 35 % de l’ensemble des directeurs au sein de l’Union européenne, contre 46 % de la main-d’œuvre.
Permanence de l’écart salarial
Bien que l’égalité salariale soit un principe fondateur de l’Union européenne, les femmes perçoivent en moyenne des salaires inférieurs de 12 %, pouvant atteindre 19 % en Lettonie, 18,3 % en Autriche et 17,6 % en Allemagne. Le Luxembourg fait exception où les salaires des femmes dépassent légèrement ceux des hommes de 1 %.
Pour réduire ces écarts, le Parlement européen a adopté en mars 2023 de nouvelles règles de transparence salariale, permettant aux employés de consulter les salaires et de demander aux entreprises de les réviser en cas d’écart de 5 % ou plus, obligeant également les entreprises à des annonces de recrutement neutres en termes de sexe et à faire face à des sanctions pour non-conformité.
Causes des écarts persistants
Selon le chercheur Houssameddine Darwish, ces écarts ne relèvent pas d’une discrimination systématique, mais résultent de causes sociales et culturelles, incluant le temps de travail, la spécialisation professionnelle et le rôle de la femme au sein de la famille. Les femmes travaillent souvent des heures supplémentaires dans des emplois non rémunérés comme le soin des enfants et les tâches ménagères, ce qui réduit leur temps de travail rémunéré et rend l’accès aux postes de direction plus difficile.
Inégalités d’opportunités selon le domaine professionnel
Les opportunités pour les femmes dans les postes de direction sont plus faibles dans les domaines des sciences, de la technologie et de l’ingénierie par rapport à l’éducation, la santé et le soin. Cependant, des écarts injustifiés persistent même lorsque les postes sont équivalents entre les sexes, comme le montrent des études en France, avec un écart salarial d’environ 4 % malgré d’autres facteurs liés à l’expérience, au niveau éducatif et à l’ancienneté.
Malgré les succès symboliques obtenus par les femmes dans l’Union européenne, les écarts demeurent importants dans les postes de direction, les salaires et les opportunités de promotion, ce qui nécessite que les politiques européennes entreprennent des réformes plus profondes, incluant un changement de culture professionnelle, un soutien accru pour les femmes dans les spécialités scientifiques et techniques, ainsi qu’une redistribution des charges de travail non rémunéré afin de garantir une véritable égalité.






