Tawfik Bouachrine, au lieu de choisir le silence ou de s’excuser après sa sortie de prison grâce à une grâce royale, a décidé de revenir sur la scène avec une série d’articles et de vidéos dont l’objectif est clair : redorer son image et se venger de ceux qui ont mis un terme à ses aventures sexuelles qui ont terni la profession de journaliste et affecté ses victimes féminines.
Bouachrine pense qu’il peut encore duper l’opinion publique, tout comme il croyait que sa position en tant que directeur d’un journal à la finance douteuse lui conférerait une impunité éternelle. Cependant, il a négligé le fait que l’époque des faux privilèges est révolue. La société fait désormais la distinction entre ceux qui sont poursuivis pour leurs opinions et ceux qui sont condamnés pour des crimes avérés contre des employées qui se sont retrouvées dans un « bordel » professionnel, n’ayant d’autre voix que celle d’un homme ayant transformé son bureau en espace d’esclavage sexuel, le tout sous le couvert d’un titre alléchant : « journalisme indépendant ».
Aujourd’hui, il produit des épisodes de podcast non pas pour dire la vérité, mais pour reconstruire une nouvelle narrative dans laquelle il se transforme d’un condamné à un « penseur », d’un harceleur à un critique de l’autorité. Il y relate des faits déformés, accompagnés d’une musique dramatique, comme s’il s’agissait d’un processus de purification personnelle ne portant aucune trace de regret, juste un mépris voilé pour une justice dont il ne s’est échappé qu’en recevant une grâce.
Le plus inquiétant n’est pas seulement ses tentatives de convaincre les gens qu’il est une victime, mais son ignorance totale des souffrances de ses victimes. Nous n’avons entendu aucune déclaration d’aveu de sa part. Nous n’avons pas lu une seule phrase de réexamen sincère. Au contraire, nous l’avons vu revenir par la porte de la victimisation politique, qui est devenue le refuge de tout échec moral.
Cette déchéance éthique ne doit pas passer inaperçue. Qu’un délinquant se transforme en guide de l’opinion publique sans aucune responsabilité symbolique ou réexamen critique est une insulte à la dignité des victimes, une atteinte à la crédibilité du journalisme et une nouvelle exploitation des plateformes médiatiques pour recycler sa chute.
Bouachrine n’a pas appris la leçon. Il continue de parier sur un public à la mémoire courte, sur un média à l’égard facilement corruptible et sur des dispositifs de contrôle qui ont perdu leur sens critique. Pourtant, la vérité demeure plus puissante que les récits fabriqués. Celui qui a trahi sa profession et trahi la confiance des femmes qui étaient sous son autorité n’a pas le droit de parler de pouvoir et de justice. Il devrait se taire, s’excuser ou affronter d’abord sa propre mémoire.