La cybersécurité au cœur de la transformation numérique : Aml el-Falah Saghrouchni alerte sur les risques de l’expansion des plateformes sans cadre légal
Aml el-Falah Saghrouchni, la ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargée de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a affirmé que la cybersécurité est devenue une pierre angulaire stratégique pour le développement des plateformes numériques au Maroc, étant une garantie essentielle pour renforcer la confiance des citoyens et assurer une concurrence équitable sur le marché national. Elle a averti que l’expansion de ces plateformes sans un cadre légal organisé pourrait menacer la souveraineté numérique et la protection des données personnelles.
Cette déclaration a été faite lors de son intervention à la conférence internationale organisée par le Conseil de la concurrence, ce mercredi 5 novembre 2025 à Marrakech, sous le thème « Les plateformes numériques : évolution des métiers et défis concurrentiels ».
El-Falah Saghrouchni a précisé que le Maroc connaît actuellement une transformation numérique profonde qui redéfinit la relation entre les citoyens et l’administration, tout en influençant les chaînes de valeur et les modes de production et de consommation. Elle a évoqué que la stratégie nationale « Maroc numérique 2030 » repose sur quatre piliers principaux : le développement des compétences numériques et de l’innovation, le renforcement des infrastructures cloud et de l’intelligence artificielle, le renforcement de la cybersécurité, et la généralisation de l’accès à Internet.
Elle a souligné que le gouvernement aspire à généraliser l’accès à Internet à plus de 5 millions de foyers, dont 25% via la 5G d’ici 2026, en plus de couvrir 1 800 zones rurales dans le cadre de la deuxième version du plan national pour le haut débit.
Par ailleurs, elle a indiqué que le Maroc est devenu l’un des pays les plus ciblés par les attaques informatiques, avec plus de 12,6 millions de tentatives de cyberattaque enregistrées en 2024, imposant ainsi, selon ses mots, le renforcement du système de protection numérique et la réduction des pratiques nuisant à la sécurité et à la souveraineté cybersécuritaire.
La responsable gouvernementale a annoncé l’élaboration d’un projet de loi spécifique aux services numériques, en partenariat avec la Commission nationale de protection des données personnelles et la Direction générale de la sécurité des systèmes d’information. Ce projet vise à établir un cadre légal responsable pour réguler les plateformes et les algorithmes. Elle a ajouté que le Maroc a organisé le premier forum national sur l’intelligence artificielle, qui a abouti à l’élaboration d’une feuille de route nationale basée sur une gouvernance responsable et la promotion de la recherche et de l’innovation.
Dans le même contexte, Aml el-Falah Saghrouchni a mentionné que le projet de centre de données à Dakhla, avec une capacité atteignant 6 mégawatts, renforcera la position du royaume comme un hub numérique africain et arabe d’ici 2030. Elle a également mentionné l’engagement du Maroc dans d’importants programmes internationaux soutenus par les Nations unies, notamment le programme WE-ABET, qui vise à renforcer les capacités des petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes et des jeunes.
La ministre a évoqué les orientations royales contenues dans le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2022 devant les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales africaines à Marrakech, qui soulignent que la numérisation représente une transformation structurelle ouvrant de nouvelles perspectives de développement et de création d’emplois, et nécessitant un investissement dans les infrastructures et le développement des compétences humaines.
En conclusion, la ministre a affirmé que « les plateformes numériques ne sont plus de simples espaces d’échange de contenu, mais sont devenues des infrastructures économiques et sociales influençant le parcours de développement et de démocratie », insistant sur le fait que leur évolution doit se faire dans un cadre de transparence et de responsabilité, tout en protégeant les données. Elle a conclu que le succès de cette initiative nationale dépendra des partenariats, de la recherche scientifique et du soutien à l’innovation pour réaliser un développement numérique inclusif et durable.




