Des sources européennes bien informées ont indiqué que la Commission européenne a commencé à établir une nouvelle agence de renseignement sous la direction de la présidente Ursula von der Leyen. Cette initiative vise à améliorer l’utilisation des informations collectées par les agences de renseignement nationales au sein de l’union, bien que des oppositions soient attendues de la part des capitales du bloc, comme l’a rapporté le journal « Financial Times ».
Les sources proches du projet ont précisé que l’unité, qui sera formée au sein du secrétariat général de la Commission, a l’intention de recruter des responsables de divers services de renseignement de l’Union européenne pour rassembler des informations à des fins communes.
Il a également été souligné que la Commission est actuellement en train de développer le concept général de l’unité, sans toutefois établir de calendrier précis. Elle a indiqué que cela « dépendra de l’expertise disponible au sein de la Commission, qui collabore étroitement avec les agences concernées au service de l’action extérieure européenne. »
Un des interlocuteurs a commenté : « Les services de renseignement des États membres de l’Union européenne disposent de nombreuses information. La Commission également. Nous avons besoin d’une meilleure manière de regrouper tout cela pour être efficaces et utiles pour nos partenaires. Dans le domaine du renseignement, il est essentiel d’offrir quelque chose pour obtenir quelque chose en retour. »
Néanmoins, des responsables de haut rang au sein du service diplomatique de l’Union européenne, qui supervise le centre de renseignement de l’Union, s’opposent à cette initiative, craignant qu’elle ne duplique le rôle de l’unité et ne menace son avenir.
Un porte-parole de la Commission a déclaré qu’elle « envisageait de renforcer ses capacités en matière de sécurité et de renseignement. Dans le cadre de cette approche, la création d’une cellule dédiée au sein du secrétariat général est à l’étude. »
À ce jour, la Commission n’a pas officiellement informé les 27 États membres de l’Union européenne de son projet, mais elle vise à attirer des responsables détachés des agences de renseignement nationales.
### Opposition européenne attendue
Les sources estiment qu’il est probable que les capitales de l’Union européenne s’opposent aux efforts de la Commission pour créer de nouveaux pouvoirs en matière de renseignement à Bruxelles, en raison de préoccupations persistantes sur l’efficacité du centre de renseignement interne, en particulier face à la réponse de l’Europe à la guerre hybride russe.
Le partage d’informations de renseignement a toujours été un sujet délicat pour les États membres de l’Union, les grandes puissances, comme la France, qui disposent de vastes capacités d’espionnage, étant prudentes quant à la diffusion d’informations sensibles à leurs partenaires.
De plus, l’émergence de gouvernements pro-russes dans des pays comme la Hongrie complique la coopération en matière de renseignement.
Cette nouvelle unité fait suite à la décision de von der Leyen de créer une « école de sécurité » destinée à informer ses commissaires sur les questions de sécurité et de renseignement, tout en cherchant à financer l’achat d’armements pour l’Ukraine et à lancer le projet de satellite Iris².
L’invasion russe de l’Ukraine et les avertissements de l’ancien président américain Donald Trump sur une éventuelle réduction du soutien sécuritaire américain à l’Europe ont conduit l’Union européenne à réévaluer ses capacités de sécurité intérieure et à commencer sa plus grande campagne de réarmement depuis la guerre froide.
Les suggestions de Trump selon lesquelles les États-Unis pourraient réduire leur soutien à l’Europe, ainsi que son suspension temporaire du soutien en matière de renseignement à l’Ukraine au printemps dernier, ont mis en lumière la dépendance du continent envers Washington pour certaines capacités.
Le partage d’informations de renseignement entre les pays de l’Union européenne remonte aux attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis, qui ont incité les agences de renseignement de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, des Pays-Bas, de l’Espagne, de la Suède et du Royaume-Uni à commencer à rassembler des évaluations de sécurité clandestines.
Cependant, cette coopération est devenue plus institutionnelle et s’est étendue à d’autres États membres, et en 2011, elle a été intégrée au service diplomatique de l’Union européenne.



