Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Abdelaziz Midaoui, a reconnu l’existence de ce qu’il a qualifié de « ruptures » au sein des politiques publiques liées au secteur de l’enseignement supérieur, les considérant comme l’un des principaux facteurs ayant entravé le processus de réforme et empêché un progrès continu. Il a également appelé à adopter des thèses de doctorat plus concises, ne dépassant pas 60 pages et accompagnées de publications scientifiques évaluées par des pairs, afin de réduire les risques de plagiat liés aux avancées de l’intelligence artificielle.
Lors d’une conférence de presse consacrée aux actualités du secteur, mercredi dernier, au siège du ministère à Rabat, Midaoui a expliqué que la mise en œuvre des réformes avait souvent rencontré des obstacles en raison de pauses dans les politiques publiques. Il a précisé que les réponses du ministère s’appuyaient sur un diagnostic précis de ces dérèglements, en réponse à une question du journal « Al-Amk ».
Le ministre a mentionné que l’année 2000 avait marqué l’entrée en vigueur de la loi 01.00 régissant l’enseignement supérieur, mais que les cinq années qui ont suivi en avaient révélé les limites. Alors qu’il était considéré que le succès du système dépendait de la confiance des classes moyenne et aisée dans l’enseignement public, le président du Conseil supérieur de l’enseignement à l’époque, Mziyan Belafkih, avait jugé cette évaluation insuffisante.
En 2009, le plan d’urgence a été mis en place, accordant aux universités un certain degré d’autonomie, en instaurant le contrat comme fondement de la relation avec l’État. Toutefois, cette autonomie a rapidement diminué, constituant, selon Midaoui, une nouvelle rupture ayant affaibli la mise en œuvre correcte des réformes.
Le ministre estime que surmonter ces problématiques passe par l’octroi d’une véritable autonomie aux universités, comme le stipule le projet de loi 59.24 relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique, qui prévoit la création d’un « Conseil des administrateurs » comme nouvel organe au sein de l’université.
Midaoui a précisé que le Conseil des administrateurs, présidé par une personnalité influente nommée, comprendra également des présidents de régions, des walis et des personnalités du monde économique, garantissant ainsi la continuité et la stabilité des politiques publiques, même en cas de changement de direction au sein des universités ou de gouvernement. Cet organe, selon le responsable gouvernemental, permettra également de renforcer le lien territorial de l’université et de construire des stratégies à long terme, indépendantes des variations de leadership.
Concernant les nouveaux défis posés par l’intelligence artificielle, Midaoui a affirmé qu’il s’agissait d’une question d’actualité mondiale, et que le ministère s’efforçait d’élaborer une approche claire pour y faire face, en intégrant l’enseignement de l’intelligence artificielle dans les cahiers des charges pédagogiques de plusieurs universités.
Au sujet des possibilités d’avoir recours à l’intelligence artificielle pour la rédaction des thèses de doctorat, le ministre a partagé : « J’y pense constamment », annonçant la formation prochaine d’un comité d’experts pour préparer des solutions concrètes.
Midaoui a jugé que le modèle classique des thèses, qui dépasse parfois 400 pages, n’était plus nécessaire, et il a proposé d’adopter un modèle résumant environ 60 pages, similaire à celui suivi par des universités internationales. Ce modèle inclurait trois articles scientifiques évalués par des pairs, une bibliographie précise, et un état de l’art présentant une vue d’ensemble méthodologique des principales publications sur le sujet, avec une documentation rigoureuse de chaque source.
Il a expliqué que le chercheur pouvait faire appel à diverses sources dans cette présentation, à condition de respecter les règles de citation scientifique, et que environ 15 pages seraient réservées à la discussion du contenu des publications scientifiques. Ainsi, la thèse deviendrait un document concis avec une réelle valeur scientifique, plutôt que des travaux longs, ouvrant la porte à des interventions de l’intelligence artificielle sans règles claires.



