La Loi de Finance trace la voie et fixe le cap en termes d’objectifs soit à réaliser, soit à entamer (jeter les premiers jalons) dans l’année. Quant au Budget Général de l’Etat, il décline les coûts financiers des objectifs fixés (dépenses) et les ressources disponibles et potentielles de financement.
La loi de finance reflète donc l’envergure des politiques publiques menés par le gouvernement dans l’année et c’est ce qui confère à la loi de finance un caractère solennel et constitutionnel, dès-lors qu’elle est soumise au vote du parlement pour avoir l’aval des élus de la Nation et des élus des diverses corporations.
J’aimerais un tant soit peu que le draft de ce projet soit, au préalable, soumis à un débat public aussi large que possible, comprenant, partis politiques, syndicats et société civile. Pourquoi?Pour la simple raison que l’heure est grave, et les effets induits par Covid19 sur notre économie, sont lourds de conséquences, sur le cours moyen et long terme.
Nous n’avons pas besoin d’une Loi rectificative, concoctée à la hâte, pour parer au plus pressé, à coup de rustines et de replâtrage.
Coronavirus a ouvert un large boulevard d’achoppements et de dysfonctionnements quant au profil de notre gouvernance tant politique qu’économique et sociale.
Nous avons besoin d’une loi rectificative qui marque une véritable rupture avec les anciens US et coutumes de notre mode de gouvernance et que des efforts énormes sont à consentir aussi bien par les gouvernants que par les gouvernés, en termes de dépenses publiques et des dépenses des ménages, le tout s’inscrivant dans un schéma- modus operandi- d’optimisation des dépenses et des ressources.
Et ce ne peut se faire sans prise de mesures drastiques, souvent douloureuses, mais nécessaires.
Aussi, la loi de finance rectificative attendue doit faire l’objet de beaucoup d’audace autant que de pédagogie, pour obtenir l’adhésion de tous les Marocains, dans cette traversée du désert qui nous attend.
Nous avons donc besoin, non pas d’une Loi de finance rectificative à l’approche comptable et budgétaire, mais d’une Loi de finance rectificative « Feuille de route », pour annoncer l’amorce d’une nouvelle ère d’un Maroc qui se ressaisit de sa torpeur, d’un Maroc juste, en somme d’un Maroc pour tous.
Quelques recommandations d’accompagnement pour faire de notre LF un success story :
- L’Etat doit se réapproprier ses missions d’Etat-stratège et d’Etat-entrepreneur, le tout pour déboucher sur l’Etat-social ou Etat-providence.
- Le soutien aux entreprises en difficultés ne saurait être que purement financier. Il doit être soumis au principe de la réciprocité de la part de nos entreprises, par leur engagement – en contrepartie du soutien de l’Etat- de mise à niveau au niveau de l’orga et de la gestion des ressources humaines, avec la transparence financière en prime, pour une meilleure gouvernance économique, le tout visant l’objectif de l’entreprise citoyenne.
- Cette mise à niveau des entreprises permettra à nos entreprises, quand bien même PME/PMI leur introduction en bourse, pour lever des fonds, pour ne plus rester dépendantes du crédit bancaires.
- Fixer un seuil du total bilan, pour imposer aux entreprises d’une certaine taille de procéder à l’ouverture de leur Capital aux tiers, pour quitter ce statut de sociétés familiales, entravant de par ce statut tout extension et expansion
- Réduire le taux de base de BAM à 1% pour combattre le renchérissement du crédit qui obère les finances de l’entreprise.
- Réduire le taux de marge des banques à 2%, par rapport à leurs coûts de ressources, car les banques dans notre pays font bcp de gras sans trop d’engagement à moyen et long terme
- Revoir la contrainte de garanties exhaustives qu’imposent les banques pour l’accès aux crédits, notamment pour nos jeunes diplômés, issus de milieux sociaux modestes.
- A suivre
Mostafa Melgou / économiste- senior analyste