La démocratie c’est le respect de l’autre

La démocratie c’est le respect de l’autre

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Par Ahmed Charaï

ICFJ est une organisation américaine qui, depuis des décennies, défend le journalisme, la liberté d’expression, mais aussi le respect de la déontologie dans le monde.

En début de semaine, cette prestigieuse institution a organisé son dîner de gala annuel, exceptionnellement en mode virtuel. Le maître de cérémonie n’est autre que la star de la télévision US, Wolf Blitzer. ICFJ a primé des journalistes du monde entier dont le  célèbre journaliste Fareed Zakaria de CNN, la journaliste égyptienne Lina Attalah et le journaliste russe Roman Anin.

C’est le sacre d’une certaine forme de l’engagement, mais dans la rigueur du métier.

Le plus important est ailleurs, cependant. Cette association est un véritable espace démocratique. Les membres du directoire, les éditeurs, sont en majorité de sensibilité de gauche, mais la presse conservatrice y a toute sa place. Les débats au sein des Board sont respectueux et il n’y a jamais de réflexe d’exclusion de l’autre.

C’est un espace démocratique qui fait donc de la diversité une richesse et non pas une source de tensions permanentes. Chez nous, au Maroc, on oublie cette règle très simple. La démocratie ce n’est pas la recherche du consensus à tout prix, l’unanimisme obligatoire, mais la gestion des divergences.

L’altérité est au centre de la démocratie. Accepter l’autre, respecter ses points de vue, débattre sans violence verbale, sans attaque ad-hominem doit être l’attitude naturelle de tout démocrate. Ce ne sont pas les élections qui constituent l’unique critère d’une société démocratique, c’est le droit de toute opinion, aussi minoritaire soit elle, à trouver les moyens de son expression.

Cette réflexion s’impose parce que nous vivons une période trouble, déplaisante. Les réseaux sociaux charrient souvent de la haine, de la vulgarité, malgré les efforts de régulation des plateformes. Ils sont devenus un véritable vecteur du rejet de l’autre, sous couvert de l’anonymat. Dès qu’une opinion s’exprime, fusent les insultes, les ragots, les menaces.

Et pourtant, l’outil est propice à une libération collective puisque chacun peut y accéder et exprimer son point de vue. Mais cette égalité a été dévoyée au profit de bas instincts. De guerre lasse, des penseurs, des hommes politiques, ont préféré quitter la toile.

Retrouver les vertus du débat démocratique est une nécessité si nous voulons participer à la construction d’une société harmonieuse, apaisée, au Maroc comme ailleurs. C’est un travail de longue haleine, une pédagogie de tous les instants, qui s’impose à nous.

On peut marquer des désaccords, polémiquer même, sans jeter l’anathème sur l’autre ni user de mensonges pour caricaturer ses opinions.

Malheureusement, c’est ce réflexe qui est devenu une seconde nature chez nombre de participants au débat public. C’est désolant, cela appauvrit les débats, attise les haines et installe les attitudes mesquines.

Source: l’Observateur

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