Fès se réveille à peine. En cette journée automnale, la matinée est douce. Une fine pluie est synonyme d’une invite irrésistible à la marche. L’envie pour les flâneurs de redécouvrir les ruelles de la médina est sans pareille. L’on s’attend, comme avant la pandémie, à retrouver des sons, des couleurs et des fragrances qui ont bravé tous les temps. Qui ont tenu tête face aux vicissitudes du Temps. Une autre marque de fabrique de cette ville plus que millénaire. Car, Fès ce n’est pas uniquement cette grande Histoire que l’on retrouve, debout, dans chaque coin de rue. C’est, aussi, les mains de ces « orfèvres », toutes branches confondues, nommés artisans. Ces artisans dont les « œuvres » se retrouvent sur tous les étals du territoire national et au-delà des frontières du Royaume. Tous les métiers y ont leurs places, mais plus particulièrement le cuir, la bijouterie la maroquinerie et autres vêtements traditionnels…
Or, en déambulant dans ces venelles, l’on ne peut s’empêcher de se rappeler des dizaines de milliers de personnes qui vivent de l’artisanat, ainsi qu’à la valeur de l’exportable et les devises qu’il rapporte, etc.
Mais, parce que mais il y a, l’arrêt de la machine touristique a pesé de tout son poids sur le secteur et sur le quotidien de celles et ceux qui en vivent. Plus encore, les restrictions sur la mobilité intérieure sur le territoire nationale à, elle aussi, impacté de manière significative le commerce des produits de l’artisanat. D’où une médina quasi-muette. Le silence est presque assourdissant, n’eut été quelques « bruits » émis par quelques artisans qui tentent, bon an mal an, de braver l’adversité du « moment ».
670 millions de dirhams pour un avenir meilleur
Selon certaines sources, le secteur compte pas moins de 105.000 artisans. Et quelques 270.000 personnes en vivent directement et indirectement. Quant au chiffre d’affaires à l’export on parle de plus de 4 milliards de dirhams, pour les estimations de l’exercice 2018. Seulement voilà, le secteur manque de « constance », puisqu’il vit sous le signe des hauts et des bas et reste largement dépendant de la santé du tourisme. Or, maintenant que la situation est ce qu’elle est, il est fort à craindre que l’artisanat prendra du temps pour s’en remettre. Surtout qu’il ne s’agit pas d’un problème « conjoncturel » qui constitue une épine dans le pied du secteur. D’autres maux structuraux sont aussi à soigner, dont celui d’une bataille à lancer contre l’informel et les produits « piratés », si l’on ose dire !
Outre ces deux aspects, le secteur aura aussi besoin d’une meilleure « visibilité » au Maroc comme à l’étranger. S’il est vrai qu’une nouvelle dynamique a été lancée, notamment, par le truchement de l’organisation des salons, et que l’on s’attend à ce qu’elle prenne sa vitesse de croisière une fois qu’on en aura fini avec les effets immédiats de la pandémie, il n’en demeure pas moins nécessaire de mettre les bouchées doubles pour aller de l’avant.
D’ailleurs, les grands chantiers de rénovations et de restaurations, lancés par le Roi Mohammed VI en mars derniers, constituent à coup sûr la locomotive menant vers une nouvelle vie pour et dans la Médina. Il s’agit, en fait d’un programme, 670 millions de dirhams mobilisés, qui concerne 1.197 sites. Il porte sur la restauration et la réhabilitation du patrimoine historique de la médina de Fès (4 sites – 13,5 MDH), la requalification et la mise à niveau des espaces urbains (9 sites – 105,55 MDH), le renforcement de l’attractivité touristique et économique de cette Cité-Musée (33 sites – 87,5 MDH), le développement des équipements sociaux de proximité (171 sites – 263,45 MDH) et le traitement du bâti menaçant ruine (980 sites – 200 MDH).