Les « Gnougas » de Driss Basri et les Influenzeurs 2.0.

Les « Gnougas » de Driss Basri et les Influenzeurs 2.0.

- in opinions et débats

 

Expresse tv: Saïd Bou-Ayach✍:

 

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, comme le chantait si bien le défunt Aznavour.

À savoir, une époque où l’opposant politique doté d’une vaste culture bouillonnait d’idées et n’hésitait pas et en toute humilité, à en débattre avec fougue et bienséance, à travers un exercice dialectique aussi rigoureux qu’enrichissant, quitte à faire son mea culpa, face aux lignes rouges imposées par les nobles valeurs du patriotisme et la réalité implacable de la realpolitik. Ainsi, jouait-il un rôle majeur dans la société.

Depuis l’infection incurable des réseaux sociaux par le virus des « influenzeurs », un drôle de phénomène est apparu . 2011 et son printemps arabe, l’a exacerbé sous le couvert du sacro-saint principe de la liberté non pas d’expression…, mais de la calomnie et de l’injure. Vous l’avez deviné, il s’agit d’une poussée de fièvre des psychopathes et autres mythomanes et escrocs crapuleux, qui ont proliféré sur les différentes plateformes numériques, non pas pour produire des idées, mais pour en faire un incubateur des startups du mensonge et de l’injure et de l’abrutissement.

Au Maroc de bled Siba et bled Al Makhzen, la contestation et la dissidence a toujours existé et justifie d’une longue tradition, qui n’a cessé paradoxalement -et c’est en cela que réside l’exception marocaine-, de consolider l’unité nationale autour de la monarchie, comme en témoigne particulièrement la glorieuse épopée de la Révolution du Roi et du Peuple.

Dès le lendemain de l’indépendance en 1956, des « gnougas » dixit Driss Basri, d’Al haraka Al Wataniya (Mouvement National de liberation), séduits par la mode dirigiste en vogue à l’époque du parti unique, se sont engagés dans une série de mésaventures blanquistes, visant à réduire les prérogatives de la monarchie à l’inauguration des chrysanthèmes , tout en tenant tête au défunt souverain, dont le règne, faut-il le rappeler, a également été confronté à l’autre tendance panarabiste et baatiste des fiveties aux seventies, à savoir celle des « officiers libres » qui ont renversé les monarchies d’Égypte, de Lybie, de Syrie et d’Irak.

Ces « gnougas » avaient pour noms, Abderrahmane Youssoufi, Abdellah Ibrahim, Majoub Benseddik, Abderrahim Bouabid, Fkih Basri Abraham Serfaty, Abdelkrim Al-Khatib ou encore M’hamed Boucetta…et la liste n’est pas exhaustive.

Dotés d’une grande culture et d’un charisme populaire, ces fils du peuple devenus hommes d’État, pratiquaient l’opposition dans le respect des fondamentaux constitutionnels de la nation, et pour les avoir connus un à un, personnellement, feu le Roi Hassan II ne manquait pas de les qualifier d’hommes de  » la marhala », pour leur capacité maintes fois démontrée à se sacrifier pour le pays et à galvaniser les marocains pour construire un futur crédible, ayant la monarchie pour socle indéboulonnable.

Aujourd’hui, je ne sais plus s’il faut en rire ou en pleurer, lorsqu’on observe cet agrégat diasporique d’agents pathogènes, qu’on appelle communément « les influenzeurs », s’amuser à entretenir virtuellement la flamme du combat des « gnougas », sur YouTube et accessoirement Twitter et Tik-Tok !

Le plus pittoresque, c’est d’imaginer une tarlouze comme Zkiko, un looser comme Kheriando, un chfifir comme Mouljib, un ado attardé et libidineux comme Abdelmoumni, sans oublier l’idiot du village Ziane… tous invités à débattre outre-tombe, avec l’un des caciques de l’opposition de Hassan II, sur les réformes constitutionnelles à introduire, pour limiter « l’hégémonie de la monarchie ».

A quoi donc cela ressemblerait-il ? Eh ben…en gros ça pourrait donner la fiction suivante:

Zkiko: il faut voter une loi spéciale qui oblige le Trésor Public à verser 5 millions de dirhams pour les faux champions de boxe comme moi. Le Makhzen s’est foutu de ma gueule en me jetant sur la table une liasse de 10.000 micros. Ca m’a tellement énervé, que je tiens le Makhzen pour responsable de m’avoir contraint à passer maintenant en mode auto-reverse, pour pouvoir acheter les tee-shirts Louis Vuitton arc en ciel que j’adore!!!!!

-Kheriando: Oooh ça suffit Zkiko!!! Arrête un peu de faire la loppette! On gagne très bien sa vie au Canada…On a pas besoin de ta loi bidon… Non, pour lutter efficacement contre la dépravation et la corruption au bled, il suffit d’un compte Tik-Tok pour insulter quotidiennement tous ceux qui ne m’ont pas laisser magouiller tranquillement au Maroc, et m’ont obligé à immigrer au Canada… pour leur tailler des costumes.

-Mouljib: Euh…mais pas du tout!!!! Vous avez tout faux, tous les 2 !!!! Moi, je suis l’illustre fils de Mama Franssa et il n’est pas question que j’immigre ni en France, ni au Canada. Moi je milite clairement pour que la France revienne au Maroc, parce que la « binia invisible » et « la chorta politique » ne m’ont pas laissé piquer tranquillement dans la caisse du Centre Ibnou Rochd. Le pouvoir n’a pas le droit de me dicter la couleur de mes trois briques. Si je veux les blanchir, c’est mon problème !!!

-Abdelmoutrique: Tu as parfaitement raison Mouljib!! Le Makhzen devrait respecter les goûts et les couleurs des citoyens. C’est pas normal qu’on m’interdise malgré mon âge, de gambader avec mes génisses consentantes à Sidi Bettache. C’est un jeu qui m’éclate trop. Mais où sont mes potes de l’Amdh pour défendre mes droits???

-Ziane: De quelle Amdh tu parles Abdelmoutrique? Cette association ne sert à rien. Quand ils ont vu la vidéo du Dawliz, ils n’ont même pas eu l’audace de confirmer que le faux-cul sur la vidéo…eh bah c’était bien moi.

A bon entendeur, je ne vous salue point, mais je cours plutôt me faire vacciner pour m’immuniser contre les insanités des « influenzeurs » !

PS: Ceci dit je tiens à présenter mes excuses et faire mon « mea maxima culpa », car évoquer dans un même article d’illustres opposants et des crapules, quoi de plus antinomique !

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