expresstv : Par Najiba Jalal
La région du Moyen-Orient traverse une période de bouleversements profonds, marquée par les disparités entre les politiques étrangères de l’administration Biden et celles d’une éventuelle administration Trump. Tandis que Biden privilégie une approche interventionniste, soutenant les alliances régionales et un déploiement militaire accru, Trump, lui, défend une politique « L’Amérique d’abord », axée sur les intérêts immédiats et la réduction des interventions extérieures. Cette dichotomie se reflète sur des enjeux régionaux cruciaux tels que le dossier iranien, le processus de normalisation et les alliances défensives, redéfinissant ainsi les contours du Moyen-Orient et impactant également le Maroc, considéré comme un allié stratégique des États-Unis dans la région.
Concernant le dossier iranien, l’administration Biden œuvre à renforcer ses alliances régionales, consolidant la coopération défensive avec Israël et les pays arabes amis, tout en s’efforçant de contenir l’influence de Téhéran par des frappes militaires ciblées lorsque cela s’avère nécessaire. Cette stratégie renforce la présence américaine dans la région, mais elle accroît aussi les risques d’escalade militaire, pouvant mener à des affrontements plus vastes. À l’inverse, si Trump revenait au pouvoir, on s’attendrait à un nouvel accord avec l’Iran, aux conditions plus strictes, et à une réduction de la présence militaire américaine. Cela pourrait transférer le fardeau de la confrontation avec l’Iran aux alliés de Washington, redéfinissant ainsi l’équilibre des pouvoirs.
En ce qui concerne la question palestinienne et le processus de normalisation, l’administration Biden s’emploie à promouvoir la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes, notamment l’Arabie Saoudite, tout en s’engageant à fournir une aide humanitaire aux Palestiniens pour apaiser les tensions à Gaza. À l’opposé, Trump pourrait se concentrer exclusivement sur les dimensions sécuritaires et économiques, apportant un soutien inconditionnel à Israël sans se préoccuper des aspects humanitaires. Cette approche soulève des interrogations sur la durabilité des accords de normalisation et sur l’efficacité des initiatives régionales pour établir une stabilité à long terme.
En ce qui concerne les alliances régionales, Biden adopte une politique d’expansion des partenariats défensifs, visant à créer un système de défense commun entre Israël et les pays du Golfe pour faire face à des menaces partagées. En revanche, l’approche de Trump pourrait consister à diminuer les engagements militaires américains, incitant ainsi ses alliés à assumer davantage de responsabilités en matière de défense, ce qui pourrait pousser certains pays à renforcer leurs capacités de défense indépendantes, éloignées de l’influence américaine.
Les relations entre les États-Unis, la Turquie et les pays du Golfe révèlent également des disparités. Les relations entre l’administration Biden et la Turquie sont devenues tendues en raison du rapprochement d’Ankara avec Moscou, tandis que l’administration cherche à renforcer ses partenariats avec les États du Golfe pour réaliser un équilibre régional face à l’Iran. Trump, quant à lui, est susceptible d’adopter une approche plus flexible envers la Turquie tout en soutenant fermement les pays du Golfe, même s’il leur demandera d’assumer des responsabilités sécuritaires plus importantes, les incitant ainsi à explorer de nouvelles options de défense.
Pour le Maroc, le maintien de l’alliance stratégique avec les États-Unis semble être une constante, le soutien de Washington aux enjeux fondamentaux marocains, en particulier la question du Sahara, ne subissant pas d’impact majeur suite à un changement d’administration. Trump a effectué un geste historique en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara, témoignant de son engagement envers le pays, et l’administration Biden n’a pas remis en cause cette position. Ainsi, il apparaît que l’alliance américano-marocaine restera solide, que Biden demeure à la présidence ou que Trump revienne, renforçant ainsi la position régionale du Maroc et lui permettant d’élargir ses partenariats avec les pays du Golfe et Israël dans le cadre du processus de normalisation.
Dès lors, il devient évident que l’avenir du Moyen-Orient et du Maroc est intimement lié aux politiques américaines à venir. Alors que les choix de Biden pourraient consolider l’hégémonie américaine dans la région tout en accroissant ses interventions, les politiques de Trump pourraient viser à réduire l’engagement direct, incitant ainsi les nations régionales à renforcer leur indépendance sécuritaire et diplomatique. Dans les deux scénarios, le Maroc se positionne comme un bénéficiaire de la solidité de l’alliance américano-marocaine, tout en restant ouvert à l’approfondissement de ses relations régionales pour consolider sa stabilité et sa position stratégique.