Ayat Taleb : La souveraineté sanitaire n’est pas une question purement nationale et l’investissement dans la prévention est essentiel.

Ayat Taleb : La souveraineté sanitaire n’est pas une question purement nationale et l’investissement dans la prévention est essentiel.

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Khalid Aït Taleb, ancien ministre de la Santé et de la Protection sociale, a affirmé que la souveraineté sanitaire n’est pas une question purement nationale, mais plutôt un projet collectif continental qui nécessite un travail collaboratif et une unification des visions et des stratégies. Il a rappelé le cas du Japon, qui, malgré ses grandes capacités, a rencontré des difficultés pour vacciner sa population au début en raison d’un manque d’injections, conséquence de la domination de la Chine sur le marché mondial.

Aït Taleb a expliqué, lors de sa participation aux « Troisièmes Journées africaines de l’investissement et de l’emploi », organisées ce mardi à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Souissi à Rabat, que l’Afrique possède d’énormes ressources humaines et naturelles, et que l’investissement optimal ne doit pas se limiter à l’équipement, mais doit également englober la prévention. Il a souligné qu’un dirham investi dans la santé préventive permet d’économiser au moins dix dirhams en coûts de traitement dans le futur.

L’ancien ministre a constaté que le continent africain vit aujourd’hui une dynamique sanitaire prometteuse, mais qu’il a cruellement besoin de créer plus de synergie et d’intégration entre ses pays pour établir une souveraineté sanitaire collective capable de faire face aux crises épidémiques et sanitaires.

Aït Taleb a ajouté que l’Afrique souffre d’une dispersion des efforts entre ses différentes régions, que ce soit en Afrique du Nord, de l’Ouest, du Centre ou de l’Est, ce qui entrave la mise en place d’un système de santé intégré et homogène.

Il a noté que certaines institutions, telles que le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Africa), déploient des efforts significatifs pour surmonter cette dispersion et établir les bases de la coordination continentale, surtout après les leçons ardues apportées par la pandémie de Covid-19, qui a laissé l’Afrique se sentir mise à l’écart et non incluse dans les priorités mondiales.

Aït Taleb a souligné que la pandémie de Covid-19 avait mis en évidence la vulnérabilité des systèmes de santé, non seulement en Afrique, mais aussi dans les pays développés disposant d’infrastructures sanitaires solides.

Il a révélé que le continent africain enregistre chaque semaine une nouvelle épidémie, qu’il s’agisse d’Ebola, de dengue, de chikungunya, entre autres, ce qui lui confère une expérience et une expertise avancées en matière de gestion des crises sanitaires, qu’il convient de valoriser.

Cependant, le plus grand défi, a ajouté Aït Taleb, réside dans les ressources humaines, car les professionnels de la santé en Afrique ne reçoivent pas la reconnaissance et les incitations nécessaires, ce qui impacte l’attractivité du secteur et sa capacité à retenir les talents.

Il a insisté sur le fait que le Maroc, grâce à la vision proactive du roi Mohammed VI, a réagi rapidement et efficacement à la crise sanitaire dès l’apparition du premier cas, en mettant en place un comité de pilotage de haut niveau regroupant les secteurs vitaux, en lançant un fonds de solidarité et en créant un comité de veille économique.

Il a expliqué que l’investissement dans la santé durant les crises doit se concentrer sur le soutien des infrastructures, le renforcement des capacités de soins, et la constitution de réserves stratégiques de médicaments et d’équipements médicaux, soulignant l’importance de créer des systèmes de surveillance et de suivi épidémiques permettant de prendre des décisions basées sur des données précises et actualisées.

Aït Taleb a confirmé qu’au Maroc, sur ordre royal, un processus de réforme radicale du système de santé a été entamé, basé sur la redéfinition des ressources humaines, l’adoption d’une nouvelle gouvernance, la modernisation des infrastructures, et l’accompagnement des transformations mondiales, notamment avec l’émergence de l’intelligence artificielle et de la médecine prédictive comme éléments clés des métiers de la santé.

Il a précisé que l’avenir de la médecine ne repose plus uniquement sur le traitement, mais tend vers la prévention et la prévision des maladies par l’analyse des gènes (génome) et des données biologiques (protéome et métabolome), ce qui permet de développer un modèle médical personnalisé tenant compte des spécificités de chaque patient, et cela nécessite des investissements considérables en recherche et développement.

Aït Taleb a critiqué le faible investissement dans la recherche scientifique sur le continent, malgré la disponibilité des matières premières et des ressources humaines, considérant cet aspect comme le maillon manquant empêchant d’atteindre une véritable indépendance sanitaire.

Il a souligné l’urgence d’encourager la production de vaccins localement, en précisant que huit pays africains sont désormais capables de fabriquer des vaccins, mais qu’ils ont besoin de coordination et d’intégration pour être en mesure de répondre aux besoins du continent sans dépendance excessive de l’extérieur.

Khalid Aït Taleb a appelé à faire de cette rencontre un point de départ pour des décisions concrètes traduites en politiques pratiques à soumettre aux décideurs du continent, afin de bâtir un système de santé africain solide, équitable et capable de faire face aux défis futurs, en affirmant que l’espoir repose sur la jeunesse du continent et ses potentialités stratégiques, tout en invitant à l’optimisme et à la poursuite d’un travail collectif.

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