L’économie marocaine au début de 2025 : un redressement tangible et des défis à prévoir.

L’économie marocaine au début de 2025 : un redressement tangible et des défis à prévoir.

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L’économie marocaine a connu un regain d’activité en ce début d’année 2025, avec une augmentation de la valeur ajoutée hors secteur agricole de 4,2 % après avoir enregistré un taux de croissance de 3,6 % au quatrième trimestre de 2024. Cette croissance s’est produite dans un contexte de stabilité de la demande intérieure, tout en réduisant l’impact négatif des échanges extérieurs à -1,1 point, dû à un ralentissement des importations et à la faiblesse persistante des exportations.

Les secteurs économiques clés ont affiché des performances remarquables, avec une croissance de la valeur ajoutée du secteur des services commerciaux, notamment l’hébergement, de 13,2 %, suivie par les industries extractives avec 6,7 % et le secteur de la construction avec 6,4 %. En revanche, l’activité industrielle a légèrement ralenti en raison de son importante dépendance au commerce extérieur, ce qui a diminué sa contribution à la croissance de 0,2 point.

Dans ce contexte dynamique, et avec un secteur agricole qui reprend vigueur avec une croissance de 3,1 %, le produit intérieur brut (PIB) a enregistré une hausse générale de 4,2 % en glissement annuel au premier trimestre 2025.

La consommation des ménages est restée un pilier essentiel de cette croissance, soutenue par l’amélioration des revenus des ménages grâce à des mesures sociales et fiscales, telles que l’augmentation des salaires dans les secteurs public et privé, ainsi que la réduction de l’impôt sur le revenu. Cela a entraîné une hausse des dépenses de consommation de 4,5 %, malgré une augmentation du taux d’inflation.

Le taux d’inflation a atteint 2,2 % au cours du premier trimestre, après avoir été de 0,7 % au trimestre précédent, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires de 3,7 %, en particulier la viande (+1 point), le poisson frais (+0,2 point) et les légumes frais (+0,1 point après une contribution précédemment négative). Certaines modifications fiscales, telles que l’augmentation des prix du tabac (+2,9 % en janvier), ont également renforcé cette tendance.

Les prix des produits non alimentaires ont augmenté modérément de 1,1 %, soutenus par une hausse des prix de l’énergie (+1 %), après une baisse antérieure. Parallèlement, le rythme de l’inflation de base, qui exclut l’énergie et les produits subventionnés, a ralenti à 2,3 % par rapport à 2,5 % au trimestre précédent.

La masse monétaire a continué de croître de 6,5 %, soutenue par l’amélioration de la liquidité bancaire et la réduction des besoins de financement des banques, notamment après la diminution des transactions en espèces à la suite de l’amnistie fiscale fin 2024. Les prêts accordés à l’économie ont connu un léger ralentissement, avec une croissance de 6,5 %.

Bank Al-Maghrib a maintenu sa politique monétaire accommodante, abaissant le taux d’intérêt directeur à 2,25 % en mars 2025. Cette politique a conduit à une baisse des taux d’intérêt sur le marché interbancaire, ainsi que des taux d’intérêt sur les prêts et les obligations du Trésor.

Sur le marché des changes, le dirham a connu une amélioration significative de 4,2 % par rapport à l’euro et de 1,1 % par rapport au dollar, ce qui reflète une confiance croissante dans la monnaie nationale.

La Bourse de Casablanca a connu un excellent début d’année, bénéficiant d’une politique monétaire accommodante et d’une confiance accrue des investisseurs. L’indice « Masi » a augmenté de 36,5 % en glissement annuel, tandis que la capitalisation boursière des entreprises cotées a augmenté de 37,8 %. De plus, le volume des transactions a plus que doublé, avec une performance remarquable dans des secteurs comme le transport, les mines, l’immobilier et la santé.

Il est prévu que l’économie nationale maintienne un rythme de croissance de 3,8 % au cours du deuxième trimestre 2025, soutenue par la reprise du secteur agricole et la résilience du secteur des services. Quant aux industries manufacturières, elles continueront leurs activités malgré un recul de la demande extérieure, soutenues par la performance des secteurs alimentaires et miniers. Le secteur de la construction devrait également continuer à croître, porté par une forte demande pour les travaux publics.

Cependant, le rythme de croissance reste principalement soutenu par la demande intérieure, qui devrait enregistrer une croissance de 4,2 % pour la consommation et de 5,1 % pour l’investissement, soutenus par des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes.

Néanmoins, les perspectives de croissance demeurent entourées d’incertitudes, en raison des ambiguïtés liées aux politiques commerciales américaines. Bien que la mise en œuvre des augmentations tarifaires ait été reportée de 90 jours, les marchés mondiaux commencent à connaître des fluctuations, notamment en ce qui concerne les prix de l’énergie et des matières premières, ce qui pourrait impacter l’activité industrielle mondiale, en particulier en Europe.

Alors que les conséquences de ces évolutions sont encore incomplètement intégrées dans les estimations actuelles, la possibilité d’un choc économique à court terme demeure présente.

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