Que se passe-t-il ? L’Afghanistan exporte l’esclavage corporel (bacheh-bazi) sur TikTok.

Que se passe-t-il ? L’Afghanistan exporte l’esclavage corporel (bacheh-bazi) sur TikTok.

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Rien ne semble préparer à ces images. Pas d’avertissement, pas d’explication, pas de contexte. Juste des jeunes dans la fleur de l’âge, dansant, se maquillant, ondulant leurs corps, pratiquant l’égarement en public.

Celui qui visionne ces vidéos éphémères sur TikTok pourrait d’abord penser qu’il s’agit d’essais individuels d’expression, de jeu ou même de libération. Mais la réalité est bien plus atroce.

Ces vidéos se sont multipliées de manière alarmante ces derniers mois, et il suffit d’un œil attentif pour discerner que leurs origines géographiques et culturelles remontent à l’Afghanistan.

Les visages, la langue, les lieux, les rythmes, tout nous renvoie à un pays lourd d’un passé terrible d’esclavage des enfants garçons dans ce qui était connu sous le nom de « bacha bazi » ; une pratique ancienne et sale, où des enfants étaient contraints de danser devant des hommes adultes, exploités physiquement sous le prétexte de loyauté et de pouvoir.

La pratique de bacha bazi implique l’exploitation des enfants, où de jeunes garçons sont contraints de participer à des danses ou des événements généralement organisés dans des lieux fermés devant des adultes, où ils sont exploités physiquement et sexuellement. Ce phénomène se retrouve dans certains pays comme l’Afghanistan et l’Iran, où des enfants sont manipulés par des individus issus de classes sociales élevées, y compris des hommes de pouvoir et des généraux. De nombreux petits garçons contraints de participer à ces pratiques viennent de familles pauvres, poussé à cela pour gagner de l’argent ou améliorer leur condition de vie.

Aujourd’hui, la même tragédie est recyclée, mais sous une forme numérique. Même corps, même danse, même complicité, mais sous le regard du monde entier.

D’Afghanistan… à tous les téléphones. Des ruelles secrètes… à la vitrine de TikTok.

Sous le nom de « tendance », des adolescents sont exhibés, leur présence est sublimée, leur audace est récompensée, et un public applaudit sans poser les questions : Qui sont-ils ? Qui se cache derrière eux ? Qui les finance ? Et pourquoi cette diffusion si large ?

Dans beaucoup de ces vidéos, des hommes plus âgés apparaissent aux côtés de ces jeunes. Personne ne questionne la nature de cette relation. Personne n’ose aborder l’exploitation, l’égarement, l’argent, cet usage sexuel habillé de contenu.

Nous sommes confrontés à une nouvelle forme d’esclavage, utilisant les outils de notre époque, se cachant derrière un rire, un effet visuel, et un filtre futile.

Ce qui se passe n’est pas un phénomène artistique, ni une expression d’identité, ni même une ouverture culturelle. Ce qui se passe est une normalisation mondiale de pratiques qui étaient criminalisées hier, et qui sont aujourd’hui présentées comme un produit regardable et récompensable.

Ce qui se produit, c’est que nous consommons, avec ignorance ou silence, ce qui menace l’essence humaine, déforme le concept de liberté, et transforme le corps en une plateforme d’exposition, non pour la parole, ni pour la pensée, ni pour la dignité.

Nous devons nous interroger, en tant que communauté internationale :

Comment ce contenu est-il parvenu sur les écrans ?

Qui est derrière l’ingénierie de cette industrie trompeuse ?

Et pourquoi un modèle afghan tragique est-il recyclé dans un espace numérique ouvert à tous ?

Où se trouve la responsabilité des plateformes ? Et où en sommes-nous pour protéger nos enfants et nos adolescents de cette infiltration immorale ?

Il est grand temps d’ouvrir un débat audacieux, non pas seulement sur TikTok, mais sur la signification du corps à l’ère du marché, sur la signification de la liberté à l’époque de l’exploitation, et sur la signification de l’éducation à l’ère de la plateforme.

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