Qatar… Quand Doha danse sur le fil du feu

Qatar… Quand Doha danse sur le fil du feu

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Nafiga Jalal/

Une fois de plus, le Qatar se retrouve au cœur d’une tempête diplomatique, cette fois à la suite de critiques directes et explicites de la part d’Israël, qui lui a demandé de "cesser de jouer sur deux tableaux" et de choisir entre "le camp de la civilisation" et "le camp de la barbarie", selon un communiqué émanant du bureau de Benjamin Netanyahu.

Bien que cette critique soit intervenue en raison de la position du Qatar concernant l’attaque israélienne sur un navire d’aide, les racines de la crise sont bien plus profondes. Ce n’est pas simplement un désaccord diplomatique ponctuel, mais une nouvelle étape d’une longue série de duplicité politique que le Qatar maîtrise, le ramenant sur le devant de la scène accusatoire : Doha est-elle un médiateur impartial ou un acteur opportuniste qui manie les crises à son avantage dans une agenda régionale douteuse ?

Doha ne cache pas son implication dans les efforts de médiation, ce qui en soi n’est pas condamnable, mais la question qui se pose depuis des années est : quel type de médiation le Qatar exerce-t-il ? Cherche-t-il réellement à apaiser les tensions ou utilise-t-il la médiation pour acheter de l’influence, consolidant ses relations avec des groupes idéologiques sous le prétexte d’un "neutralité efficace" ?

Le printemps arabe, qui a été un tournant révélateur des intentions, a suffi à placer le Qatar sur le banc des accusés : de l’Égypte à la Libye, et de la Tunisie à la Syrie, Doha a joué un rôle clé dans l’armement du discours, le financement des fractures, et la mise en avant des islamistes. La médiation à l’époque n’était rien d’autre qu’un moyen d’infiltration, comme l’a démontré le livre "Une reine à la recherche d’un trône" de l’écrivain égyptien Mohamed Elbaz, qui a minutieusement documenté cette danse qatarie sur le fil des contradictions, pariant sur le chaos pour arracher légitimité et rôle…

Aujourd’hui, en pleine guerre dévastatrice à Gaza, le Qatar tente à nouveau de se positionner comme un médiateur de paix, tout en soutenant en coulisses des chaînes de médias qui incitent, ainsi qu’en injectant des fonds pour polir son image via des lobbies au sein même d’Israël, comme l’a révélé le scandale "Qatargate" impliquant deux conseillers de Netanyahu.

Les accusations portées contre le Qatar ne sont pas de simples insultes politiques passagères, mais plutôt des indicateurs d’un comportement familier : discours double, alliances contradictoires, et une diplomatie douce, non exempte de griffes.

Aujourd’hui, le Qatar est sollicité non seulement pour choisir entre "la civilisation" et "la barbarie", comme le disent les Israéliens, mais d’abord pour déterminer s’il souhaite être un médiateur impartial ou jouer le rôle d’un acteur caché sur la scène du Moyen-Orient. Le tableau international ne peut plus tolérer de trop nombreuses manigances au détriment du sang des peuples.

Le scandale "Qatargate", qui a éclaté en Israël avec l’arrestation de deux des principaux assistants de Netanyahu accusés d’avoir reçu de l’argent du Qatar pour redorer son image durant la guerre à Gaza, n’est que la partie émergée de l’iceberg. Des rapports évoquent des financements suspects ayant transité par des lobbies américains pour saper le rôle de l’Égypte en tant que médiateur historique et consacrer le Qatar en tant qu’acteur "ancien nouveau" dans le jeu de l’influence. Peu importe les efforts de Doha pour s’en dissocier, ses empreintes demeurent évidentes dans chaque crise, du soutien à Hamas au financement d’universités occidentales diffusant des narrations hostiles envers certains États arabes.

Les options pour le Qatar se réduisent, et sa capacité à continuer de jouer à la fois le rôle de médiateur et celui de bénéficiaire commence à s’effriter. Dans un monde saturé de vérifications médiatiques et politiques, il devient difficile pour Doha de maintenir cette ruse diplomatique sans coûts. La marge de manœuvre diminue, et il est temps pour le Qatar de comprendre que jouer sur les contradictions n’est pas une stratégie durable, mais un risque moral et politique qui pourrait le faire chuter de la hauteur qu’il s’est lui-même construite, au détriment de la stabilité de nombreux pays et peuples.

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