Le Conseil économique, social et environnemental a révélé que le marché du travail au Maroc connaît des transformations radicales en raison de la révolution numérique et du développement des technologies d’intelligence artificielle. Cela a conduit à l’émergence de nouvelles formes d’emploi atypiques, qui s’imposent comme une réalité professionnelle, mais qui soulèvent encore des questions profondes touchant aux droits sociaux et économiques des travailleurs.
Le Conseil, dans un document d’avis intitulé « Formes atypiques d’emploi et relations professionnelles : nouveaux défis et opportunités émergentes », a souligné que le télétravail, le travail via des plateformes numériques et le travail à temps partiel sont devenus des modes d’emploi en plein essor, ayant gagné en importance après la crise de Covid-19, ce qui a entraîné un changement qualitatif dans les relations de travail et les méthodes de production.
Il a affirmé que ces formes d’emploi ont ouvert la voie à de nouvelles activités professionnelles telles que les services de livraison, le transport intelligent, le développement de logiciels, la traduction, le conseil et le design, avec l’émergence de modèles professionnels basés sur l’exécution de tâches partielles pour plusieurs employeurs, ou un mélange entre travail et engagements personnels tels que les études ou la garde d’enfants.
Le Conseil a mis en avant que l’emploi atypique offre une flexibilité considérable aux entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines et de leurs coûts, tout en permettant aux travailleurs de mieux concilier leur vie professionnelle et personnelle. Cela réduit également la pression sur les infrastructures et les déplacements urbains, favorisant l’innovation, notamment parmi les femmes, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.
Cependant, le Conseil a alerté sur les risques associés à cette forme d’emploi, notamment l’insuffisance du cadre légal, l’absence de protection sociale, et l’insécurité économique pouvant affecter ces travailleurs, ainsi que des problèmes liés à la faiblesse de la représentation syndicale, à la difficulté de séparer vie professionnelle et personnelle, et aux menaces pesant sur la confidentialité des données numériques.
Le Conseil a critiqué la lente réactivité du cadre légal et institutionnel face à ces transformations, appelant à l’élaboration d’un nouveau cadre légal et réglementaire garantissant les droits des travailleurs tout en préservant la flexibilité de ces formes d’emploi, par le biais de formats innovants de contrats de travail et de mécanismes efficaces pour étendre la protection sociale et garantir des conditions de travail décentes.