El Kacimi : L’intelligence artificielle transformera la relation des individus avec le temps de travail et renforcera l’auto-entrepreneuriat
Mohamed El Kacimi, ministre de l’Insertion économique, des petites entreprises, de l’emploi et des compétences, a affirmé que l’intelligence artificielle influencera profondément la relation de la société avec le temps de travail, entraînant un nombre croissant d’individus vers l’auto-entrepreneuriat et le travail flexible. Il s’est exprimé lors d’un dialogue interactif, tenu jeudi à Genève, dans le cadre du forum annuel de l’Alliance mondiale pour la justice sociale, intitulé « Moteur du changement : l’intelligence artificielle au service de l’impact social ».
Le ministre a indiqué que cette transformation impose aux gouvernements de soutenir les personnes désireuses d’organiser leur vie professionnelle différemment. Il a noté que de nombreux jeunes à travers le monde se dirigent vers des formes de travail flexibles qui ne nécessitent pas de capital important pour démarrer, et a souligné que cette tendance reflète d’abord un choix de vie plutôt qu’une nécessité matérielle. Il a confirmé le droit de ces individus à réorganiser leur relation au temps en diversifiant leurs sources de revenus et en travaillant sur plusieurs projets.
El Kacimi a mis en lumière l’impact de l’intelligence artificielle générative sur la nature du travail, que ce soit par l’amélioration de l’efficacité des postes, requérant le développement de compétences, ou par une automatisation des tâches, ce qui impose une redistribution des ressources. Il a affirmé que l’intelligence artificielle n’est pas seulement un défi technique ou financier, mais également une question sociale : les pays en développement peuvent en tirer profit pour franchir des étapes de développement, à condition de former les jeunes et de fournir un cadre légal flexible qui favorise une meilleure gestion du temps ainsi qu’un esprit entrepreneurial et créatif.
Le ministre a souligné que l’intelligence artificielle sera le moteur principal d’une augmentation significative du travail autonome dans les quinze prochaines années, prévoyant que ce taux pourrait dépasser 30 à 40 % de la main-d’œuvre. Dans ce contexte, il a appelé à une gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle pour garantir son usage comme levier du développement, en particulier dans les pays en développement et les pays les moins avancés, en mettant en avant l’importance d’une dimension éthique nécessitant une coordination internationale multilatérale.
Cette rencontre, qui a eu lieu en marge de la 113e Conférence internationale du travail se déroulant du 2 au 13 juin à Genève, a vu la participation de Celeste Drake, directrice générale adjointe de l’Organisation internationale du travail, ainsi que d’acteurs gouvernementaux, de partenaires sociaux et d’experts. Les discussions ont porté sur les opportunités et les défis de l’intelligence artificielle, ses perspectives d’emploi par les gouvernements et les parties prenantes, et les mécanismes de suivi et de coopération sur les technologies d’intelligence artificielle ayant un impact social.
La rencontre s’est également basée sur les résultats d’un sommet sur l’intelligence artificielle qui s’est tenu en février dernier à Paris, lors duquel les partenaires de l’alliance ont lancé un réseau d’observation sur l’intelligence artificielle et le travail, renouvelant leur engagement à promouvoir cette agenda internationale commune.