Le secteur de l’automobile au Maroc connaît une croissance sans précédent, permettant au royaume de se positionner peu à peu comme un acteur majeur parmi les principaux sites de production sur la rive sud de la Méditerranée. Ce développement s’explique par la tendance mondiale vers les voitures électriques et une diminution des coûts de production par rapport aux pays européens.
Le quotidien espagnol Motorpasión souligne que les taux de croissance au Maroc dépassent nettement ceux de l’Espagne, ce qui reflète un changement tangible dans l’équilibre des forces industrielles dans la région. Alors que l’Espagne, anciennement surnommée « usine de l’Europe », a enregistré une baisse de production de 8,4 % au cours du premier semestre 2025, pour atteindre 1,22 million d’unités, le Maroc a quant à lui connu une augmentation de 36 % sur la même période, approchant ainsi un million de véhicules produits par an. Cela indique que l’industrie marocaine entre dans une nouvelle phase de compétitivité mondiale.
Le Maroc se positionne comme le cinquième plus grand exportateur de voitures vers l’Union européenne, avec environ 195 000 véhicules expédiés au cours du premier semestre, représentant 11 % du total des importations automobiles européennes, devançant des pays comme la Turquie, le Royaume-Uni, le Japon et la Chine. Cette avancée est attribuée à plusieurs facteurs, notamment le coût réduit de la main-d’œuvre et de l’énergie, ainsi qu’à la robustesse des infrastructures logistiques, en particulier le port de Tanger Med et sa zone franche, qui est devenue une plateforme d’exportation efficace reliant les usines marocaines aux marchés européens en quelques jours.
De plus, le Maroc a réalisé des progrès notables dans l’attraction d’investissements liés aux voitures électriques, avec une augmentation du nombre d’entreprises mondiales spécialisées dans la fabrication de batteries ou de leurs composants, dont des groupes chinois tels que Hailiang, Shinzoom et BTR, qui tirent parti de la disponibilité de matières premières comme le cobalt, ainsi que des incitations financières et fiscales pour attirer des industries avancées.
Les investissements massifs des groupes Renault et Stellantis témoignent de la confiance des grands fabricants dans la capacité du Maroc à piloter cette phase industrielle. En 2024, la production des usines Renault à Tanger et Somaca a dépassé 400 000 véhicules, tandis que Stellantis a doublé la capacité de son usine de Kénitra à 535 000 unités par an grâce à un investissement de 1,2 milliard d’euros.
En revanche, les usines espagnoles font face à des difficultés croissantes en raison de la hausse des coûts de l’énergie et d’un ralentissement dans le passage à la production de voitures électriques. Le rapport indique aussi la décision de Stellantis de transférer la production de la prochaine génération de modèles Citroën C4 et C4 X de Madrid à Kénitra à partir de 2029, signalant ainsi un « changement significatif » dans l’orientation des investissements futurs.
Le rapport conclut que le Maroc n’est pas seulement un concurrent pour l’Espagne, mais pourrait devenir un partenaire de production grâce à un modèle d’intégration industrielle. Les usines espagnoles continueraient à fournir des moteurs et des pièces détachées aux usines marocaines, tandis que celles-ci importeraient des batteries et des véhicules électriques produits au sud de la Méditerranée. L’article affirme que si le Maroc maintient cette dynamique de croissance, il pourrait redessiner la carte industrielle européenne au cours des prochaines années, renforçant ainsi sa position comme plateforme clé pour l’industrie des voitures électriques dans la région.





