Le manque de main-d’œuvre qualifiée menace la dynamique des chantiers de construction au Maroc
Malgré l’essor important du secteur de la construction et des travaux publics au Maroc, grâce à des projets colossaux en cours dans différentes régions du pays, cette avancée se heurte à un obstacle préoccupant : la rareté de la main-d’œuvre qualifiée. Cela suscite des craintes de ralentissement dans l’exécution des travaux et pose aux entreprises des défis de recrutement sans précédent.
Alors que d’énormes chantiers incluent des infrastructures, des projets immobiliers et des équipements publics, de nombreux acteurs peinent à attirer les compétences nécessaires ou même les travailleurs suffisamment expérimentés pour réaliser les travaux dans les délais impartis.
Hicham Tamri, directeur général d’une entreprise de construction à Casablanca, a expliqué dans une déclaration au journal Finances News Hebdo que le secteur « vit une crise réelle en matière de ressources humaines qualifiées, ce qui pousse les entreprises à recourir à la sous-traitance ou à employer des travailleurs non formés ». Il a ajouté que « l’absence de spécialités précises impacte négativement la qualité et la rapidité de l’exécution, surtout dans les projets nécessitant des compétences techniques élevées ».
La situation devient encore plus complexe à mesure que les jeunes montrent un désintérêt pour les métiers liés à la construction, notamment ceux requérant un effort physique considérable, comme la conduite d’engins lourds ou les travaux techniques complexes. Les professionnels soulignent également que certains travailleurs quittent leur entreprise dès qu’ils obtiennent de meilleures offres, créant ainsi une rotation constante dans la main-d’œuvre et fragilisant la stabilité professionnelle au sein du secteur.
Les observateurs attribuent ce phénomène à la faiblesse de la formation spécialisée dans le domaine de la construction, où les centres de formation professionnelle ne répondent pas aux besoins du marché, tandis que la plupart des travailleurs acquièrent leurs compétences sur le terrain par l’expérience, un parcours long qui ne garantit pas toujours la compétence requise.
Le désintérêt des talents pour travailler dans les zones rurales ou reculées complique la tâche pour attirer techniciens et ingénieurs, malgré l’expansion des projets en dehors des grandes villes.
Le secteur, qui représente l’une des pierres angulaires de l’économie nationale, a connu une croissance significative ces dernières années, soutenue par le lancement de grands projets d’infrastructure et les préparatifs du Maroc pour accueillir la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030. Les données montrent une augmentation des ventes de ciment de 8,2 % jusqu’à fin août 2025, ce qui reflète une activité intense dans le domaine de l’urbanisme.