L’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 représente une opportunité économique majeure pour le Maroc. Cependant, la véritable question ne réside pas seulement dans le montant global des fonds générés durant les jours de match, mais dans l’ampleur du profit net qui reviendra à l’économie nationale, après avoir pris en compte les coûts d’investissement et d’exploitation ainsi que la manière dont les revenus de la compétition seront répartis. Dans ce rapport, nous allons tenter d’analyser les chiffres, d’éclaircir les sources de revenus et d’évaluer l’impact de cet événement à court et moyen terme en nous fondant sur des données et rapports disponibles.
Premièrement, d’où proviennent les revenus ? Les recettes liées à la compétition se répartissent entre ce que perçoit la Confédération africaine de football (CAF) par le biais des droits de diffusion, du sponsoring et des ventes de billets, et ce que dépensent les touristes et les supporters sur le marché local en hôtels, restaurants, transport, merchandising, etc. Les droits de diffusion et de parrainage sont généralement enregistrés dans les comptes de la CAF ou de ses partenaires commerciaux, alors que le tourisme et les dépenses locales représentent une image du profit direct pour le pays hôte.
Deuxièmement, chiffres de la CAF et bénéfice prévisionnel. Des rapports spécialisés et des couvertures médiatiques indiquent que l’édition 2025 sera la plus lucrative de l’histoire de la compétition, avec des prévisions évoquant des revenus globaux importants et un bénéfice pour la CAF atteignant environ 112,8 millions de dollars, selon certaines analyses ayant pris en compte les indicateurs de ventes de billets et les contrats de sponsoring. Toutefois, il convient de faire la distinction entre le bénéfice de la CAF en tant qu’entité organisatrice/commerciale et ce qui revient directement au Trésor public ou à l’économie marocaine.
Troisièmement, billets et demande du public. Selon des données officielles concernant la vente des billets, la demande s’est révélée exceptionnelle : près de 298 000 billets ont été vendus lors des deux premières phases de vente, selon les annonces de la CAF, avec certaines catégories de billets épuisées dans des phases ultérieures. Les ventes de billets augmentent les recettes opérationnelles de la compétition et génèrent une activité pour les secteurs du transport et de l’hôtellerie, mais la répartition de ces revenus entre la CAF et les acteurs locaux dépend des clauses de l’accord organisateur.
Quatrièmement, impact du tourisme : ampleur et efficacité. Le résultat le plus évident pour le Maroc réside dans l’augmentation du nombre de visiteurs et la hausse du taux d’occupation des hôtels. Des données et projections touristiques indiquent que le Maroc a connu un fort revirement touristique en 2024-2025, avec des mouvements touristiques dépassant les dizaines de millions selon des prévisions d’agences spécialisées, rendant ainsi le marché local plus apte à accueillir des supporters supplémentaires durant la compétition. Dans des scénarios d’analyse raisonnables : si entre 300 000 et 1 000 000 visiteurs supplémentaires entrent dans le pays, avec une dépense individuelle moyenne approximative de 4 000 à 10 000 dirhams, la dépense totale directe pourrait aller de 1,2 milliard de dirhams à plus de 10 milliards de dirhams dans le meilleur des scénarios — chiffres qui montrent l’ampleur de l’opportunité sans pour autant représenter un profit net pour l’État.
Cinquièmement, dépenses d’investissement : investissement ou coût ? Les préparatifs incluent la mise à jour et l’investissement dans les infrastructures de transport et les stades. Des rapports gouvernementaux et médiatiques ont mentionné des initiatives de rénovation des stades et d’augmentation de la capacité des aéroports avec des chiffres d’investissement estimés à plusieurs milliards de dirhams — parmi lesquels des projets publiés évoquent la mobilisation d’environ 5 milliards de dirhams pour des infrastructures et des stades. Ces dépenses réduisent le bénéfice net à court terme, mais sont considérées comme un investissement visant à renforcer la capacité du Maroc à accueillir des événements plus importants à l’avenir, engendrant ainsi des avantages à long terme.
Sixièmement, qui en profite réellement ? Les entreprises hôtelières, les agences de voyage, les restaurants, les prestataires de services et les secteurs liés au tourisme et au divertissement sont les bénéficiaires directs du flux temporaire créé par la compétition. L’État perçoit une part de ces bénéfices à travers les impôts, les taxes et les recettes des aéroports et des postes frontières, mais la part nette pour le Trésor dépend des niveaux de dépenses publiques consacrées à la sécurité, à la logistique et aux infrastructures. Quant à la CAF, elle continuera de récolter la majorité des revenus provenant des droits commerciaux globaux.
Pour résumer en deux lignes, le Maroc tirera des bénéfices économiques de l’accueil de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 : des revenus d’exploitation directs et moyens à élevés pour des secteurs liés au tourisme, à l’hôtellerie et aux services. Cependant, le profit net pour l’État dépendra du nombre réel de visiteurs étrangers, de leurs dépenses moyennes, de la proportion des sommes qui demeurent dans l’économie locale, ainsi que du volume des dépenses publiques d’investissement. Dans les meilleurs scénarios, l’impact total de cet événement pourrait atteindre des centaines de millions de dollars en termes d’effet économique, mais le bénéfice net direct pour le Trésor est généralement moindre et nécessitera un rapport officiel consolidé pour être évalué avec précision.
En conclusion, pour transformer cet événement en un profit durable, il est nécessaire que l’accueil soit accompagné de politiques claires : cibler un marché touristique international après la compétition, transférer les acquis en matière d’infrastructure vers des projets touristiques durables, et améliorer les mécanismes de recouvrement fiscal pour les activités temporaires. Surtout, il est impératif de publier un rapport officiel à l’issue de la compétition qui définisse les chiffres définitifs relatifs aux revenus, aux dépenses et à l’impact net sur le budget national.
Sources utilisées pour l’élaboration du rapport : annonces de la CAF concernant les ventes de billets, rapports économiques médiatiques sur les prévisions de revenus et de bénéfices de la CAF, ainsi que des rapports et statistiques touristiques sur le flux des visiteurs et les investissements d’infrastructures au Maroc.





