Le football est devenu ces dernières années un secteur économique à part entière. Et bien que la reprise des championnats allemand, espagnol, italien et anglais, entre autres, soulage les passionnés du ballon rond, il n’en demeure pas moins que la discipline est largement touchée par la pandémie.
Thomas Peeters, économiste du sport à l’Université d’Anvers souligne, dans une déclaration à la MAP, que malgré la reprise de la plupart des championnats européens, la tenue des matchs à huis clos va engendrer d’importantes pertes pour les clubs et les fédérations en termes de billetterie et d’autres revenus commerciaux. En particulier pour les ligues de football en Belgique et aux Pays-bas qui n’ont pas des contrats médiatiques comme l’Angleterre ou l’Italie.
Un autre économiste de sport en France, Luc Arrondel, souligne qu’il est difficile de chiffrer précisément les pertes de revenus induites par la crise sanitaire pour le football européen.
Selon M. Arrondel, directeur de recherche au Centre national de recherche scientifique en France (CNRS) et membre de l’Ecole d’économie de Paris, si l’on retient une perte globale de 350 millions d’euros, les revenus seraient en baisse d’environ 18,5% par rapport à ceux de la saison 2018-2019.
Les économistes estiment que les bien que les faillites dans le foot soient relativement rares, le football français risque de subir une vague de difficultés après la crise sanitaire. Les clubs ne seront pas logés à la même enseigne, car il s’agit d’une gestion de crise se rapportant aux propriétaires.
En exemple, l’assemblée générale de la LFP, la Ligue de Football Professionnel en France, va contracter un prêt garanti par l’État de 224,5 millions d’euros qui sera réparti entre les clubs français. De plus, l’augmentation des droits TV permettra à tous les clubs de Ligue 1 d’empocher environ 20 millions d’euros supplémentaires à partir de la saison 2020-2021.
Selon Luc Arrondel, le football “post-moderne” est une économie en forte croissance ayant réussi à intéresser, pour des raisons diverses, les médias, les sponsors, les milliardaires, et même certains États, tandis que les grands clubs européens (voire nord-américains) n’ont jamais été autant valorisés, néanmoins, face à la crise actuelle, l’idée serait d’étudier ce qui fonctionne bien actuellement dans la sphère du football et réfléchir “plus modestement à améliorer certaines choses”.
Il s’agit, précise-t-il, de revoir la gestion du risque de faillite des clubs, le nombre de prêts de joueurs, ou encore les relations avec les supporters.
“Nous sommes peut-être aujourd’hui au début d’une nouvelle période historique du football que l’on pourrait caractériser par des inégalités économiques croissantes, entre clubs et entre championnats, avec pour conséquences des championnats domestiques et des compétitions européennes dominées par quelques clubs plus riches que les autres, l’arrivée de nouveaux types d’investisseurs à l’image des fonds d’investissement et des propriétaires de franchises américaines”, résume-t-il.
Si la crise du coronavirus a d’abord nourri les espoirs d’un modèle de football plus équitable et solidaire, les craintes grandissent désormais quant à une exacerbation des inégalités et des déséquilibres sportifs avec toujours les clubs les plus riches qui gagnent le gros lot et les moins fortunés qui doivent lutter pour leur survie.