Le problème est malheureusement très profond. Il s’agit d’un mode de pensée…
Comme dirait Auguste Comte le fondateur du concept du positivisme créateur de la Loi des trois états par lesquelles les humains passent en fonction de l’évolution de leurs connaissances. Il a ainsi défini le passage de l’état théologique à l’état métaphysique avant de passer à l’état positif fondée sur la pensée scientifique moderne.
Selon lui nous, peuples de culture islamique, serions encore au premier stade, autant notre «esprit humain» individuel que collectif, marquant le mode de pensées de la société…
Notre mode de raisonnement éloigné de toute base de la raison, se contentant de postulats historiques énoncés par des exégètes depuis le neuvième siècle puis élevés au rang de la conviction religieuse. Un mode de pensée devenu notre foi et donc indiscutable et sacrée tel que la fatalité du destin.
Depuis, tout est écrit d’avance «Almaktab » et celui qui ose et use de la logique devient un déviant:.. »من تمنطق تزندق «
Notre monde est imaginal, dieu et ses prophètes et nos Salafs (nos prédécesseurs) y sont en action alors que nous les humains nous ne faisons que subir.
Nous suivons les recommandations d’individus morts, disparus depuis des siècles sans avoir le droit de questionner leurs postulats sous peine d’exclusion de la Communauté.
Un sommeil profond, qui a duré plus de mille ans, depuis Al Ghazali et le rejet par la suite de la Raison des philosophes, tous qualifiés d’infidèles.
Depuis, nos esprits sont à l’arrêt et refusent de réfléchir.
Et bien que l’histoire ait connu des philosophes qui ont essayé de combattre cette léthargie, nous les avons dénigrés, emprisonnés et avons brûlé leurs livres. Leur seul crime étant d’avoir appeler à l’usage de la Raison en lieu et place du discours religieux dogmatique.
Pendant notre sommeil, d’autres civilisations humaines ont développé des notions majeures de la connaissance humaine comme la pensée scientifique moderne basée sur des principes ou théories énoncées et dont le rejet ou l’acceptation se fait par des expériences répétées sur le terrain.
Certains de nos leaders politiques déclarent, haut et fort, être encore pour la pensée d’Ibn Taymiyya et appellent à vivre dans un état théocratique en réprimant par la force ceux qui militent pour la sécularisation.
Avouons qu’avec autant de lacunes nous ne pouvons qu’être hors de l’évolution de l’humanité et incapables même de convenir ensemble d’un modèle moderne de la société cible que nous souhaitons léguer à nos enfants..
M.GAIZI / Acteur associatif