Joseph-Antoine Bell, un destin

Joseph-Antoine Bell, un destin

- in Portraits décalés

Dans ses cages, l’ancien keeper des Lions indomptables a donné du fil à retordre à bien des attaquants. Autant sur les pelouses des stades en Afrique que sous le ciel de l’Hexagone.
Joseph-Antoine Bell avait le regard d’un lynx.

L’agilité d’un léopard. Les réflexes d’homme-araigné. Il savait anticiper ses adversaires. Tout comme il maîtrisait l’emplacement de ses coéquipiers. Au sein de l’équipe nationale du Cameroun, on respirait la confiance parce qu’on était rassuré de l’avoir comme dernier rempart. Et Thomas N’kono ? La rivalité était certes de mise, mais dans les règles de l’art. Aujourd’hui comme hier, Bell indique : » Nous avons toujours été en bons termes..! » Sans plus.
Avec au compteur une cinquantaine de compétitions internationales en équipe nationale, il a évolué sous les couleurs des Lions indomptable de 1976 à 1994. Signe particulier, le double champion d’Afrique (1984- 1988) n’a jamais été retenu pour la Coupe du monde. On évoquait des questions de discipline !

Qu’à cela ne tienne, son parcours, de l’Union de Douala à Saint-Etienne en passant par Africa Sport, Al Moqaouloun al-Arab, l’Olympique Marseille, Sporting Toulon et les Girondins de Bordeaux) est jalonné de sacres.

L’autre signe particulier, et non des moindres, est le fait que son expérience professionnelle en France ne démarre que l’année où il soufflait sa 31eme bougie. C’était à l’OM où il garde les cages pendant trois saisons (1985-1988). Après une année au Sporting Toulon, Joseph-Antoine est appelé à défendre les couleurs des Girondins entre 1989 et 1991. Sa carrière prendra fin en 1994 dans la cage de Saint-Etienne. Un parcours exceptionnel qui sera couronné par le titre du meilleure keeper africain de tous les temps.

Mais, ce n’est pas pour autant qu’il range ses affaires pour quitter la scène footballistique. Il sera, dans la foulée, consultant de plusieurs médias, de même que la CAF et la FIFA feront appel à ses services.

Bell a tapé du ballon, comme bien d’enfants de son âge. Il avait 5 ou 6 ans, lorsqu’il découvre la balle, avant de faire du football. Ce qui relevait du simple plaisir allait devenir un destin.
Bell avait très vite compris que le rôle d’un gardien debut n’était pas uniquement d’arrêter des balles, mais, dans un élan solidaire entre les maillots d’un team, disposer d’une vision globale pour influer sur le comportement des siens sur le rectangle vert. Et cela, ça va sans dire, demande beaucoup. Un travail ardu sur soi. Une vision. Une approche. Joseph-Antoine les avait, en avait plus et les mettait au service de ses coéquipiers.
Derrière, il y avait un père, enseignant puis directeur d’une école primaire, qui lui a inculqué les valeurs de sa société et une mère qui surveillait les enfants en veillant sur leurs têtes, confie-t-il. La discipline était de mise et elle a fini, assez tôt, par payer.
A 15 ans, Bell veille déjà au grain dans les cages d’une équipe en deuxième division du championnat camerounais.
Quand on l’interroge sur son fulgurant parcours, son palmarès et ses marques de fabrique, Joseph-Antoine, avec un sourire qui ne le quitte pratiquement pas, renvoie à un hasard qui n’en est pas un. Il préfère parler d’opportunités. Bell résume : « Il faut bien faire ce qu’on fait pour ne pas rater les opportunités qui se présentent ». Le jeune homme, pour qui le football est synonyme de l’épanouissement de la jeunesse, en a connu bien des chapitres. Du Cameroun jusqu’en France en transitant par l’Égypte. C’était un récit fait de séquences et de rencontres. On découvre ses talents, on fait appel à ses services et il répond présent !

Le tout en gardant présent à l’esprit que la réussite n’est jamais individuelle. « La réussite est collective ou n’est pas », synthétise-t-il.
La compétition pour lui n’est pas synonyme de bagarre et les adversaires ne sont pas à considérer comme des ennemis. « Un match, ça se termine au sifflet final. On se salue, on se respecte en pensant à la rencontre qui va suivre », dit-il.
L’essentiel est de penser le football pour ce qu’il est : un moyen d’épanouissement. Qui plus est ne devrait, en aucun cas, être réduit à une la « Sélection ». « Aussi important que cela puisse paraître, il faut arrêter de ramener tout un pays à son équipe nationale », dixit Bell. L’approche de la discipline est censée être holistique, embrassant par la même occasion toutes les composantes de la pratique footballistique d’un pays, resume-t-il.
Raison pour laquelle, indique Bell, il apprécie particulièrement la démarche du Royaume pour la promotion du football marocain. Et ce que ce soit en matière d’infrastructures ou encore les efforts consentis en matière de formation et de structuration. Une expérience que le Maroc est mu par la volonté de partager avec ses partenaires de l’Afrique subsaharienne, souligne, tout en la saluant, Joseph-Antoine Bell.

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