Par Maître Meriem Jamal Idrissi
Le procès des « notes sexuellement transmissibles », tel est le nom que j’ai trouvé pour ce dossier qui ne condamnera aujourd’hui qu’une partie des crimes commis !
En effet, s’il s’agit de formalités que l’on peut qualifier d’ordinaires, mais tout de même avec la présence de d’une trentaine d’avocats entre les deux parties, y compris les avocats mandatés par des associations pour rejoindre la défense des victimes en tant que partie défendant les victimes, à mon sens, les accusés sont poursuivis avec des chef d’accusation qui ne reflètent pas la gravité du crime et son impact dans le temps autant sur les victimes que sur la société dans sa globalité.
les accusés sont poursuivis avec des chef d’accusation qui ne reflètent pas la gravité du crime
Pour moi, s’il s’agit d’une qualification d’abus de pouvoir, d’incitation à la débauche, de discrimination fondée sur le genre et surtout, de violence psychique contre les femmes, et bien que ces actes soient pénalement répréhensibles, ce sont des actes qui mériteraient une qualification pénale et non correctionnelle.
Ce sont des actes qui mériteraient une qualification pénale et non correctionnelle.
En effet, car bien au-delà de la dimension factuelle que nous sommes en train de traiter dans ce procès, il existe une dimension aussi grave que celle de la victime, il s’agit du capital humain de notre pays, matérialisé par la méritocratie des diplômes qui reflètent la compétence de futurs lauréats et la structure active de l’emploi de cette future génération active sur laquelle nos notre pays compte à tous les niveaux et sur tous les fronts.
Malheureusement, c’est ce phénomène qui existe depuis toujours qui fait que souvent, les bonnes personnes ne sont pas aux bonnes places sur le marché du travail. Car comme vous l’auriez compris, il y en a qui ont pu avoir des diplômes par ce que j’appellerai désormais « des notes sexuellement transmissibles».. Il se peut même, que par temps, il soit possible à ces personnes d’accéder à des postes non mérités parce qu’ils ont cédé d’une manière ou d’une autre à ce chantage sexuel. De la même manière, que d’autres personnes, potentiellement plus méritantes, se trouveront privées de leurs droits car pénalisées à cause de leur refus de cette pratique sale et indécente comme le cas pour nos victimes dans ce dossier.
Il ne s’agit donc pas d’une simple affaire correctionnelle, nous sommes devant un phénomène d’une plus grande ampleur et qui mérité d’être traité devant la Cour d’appel.
En ma qualité de défense des victimes, je mets en avant et avec une grande insistance la vulnérabilité et la précarité des victimes face à l’abus du pouvoir des inculpés. Et je considère qu’il s’agit d’un crime plus grave : « la traite des êtres humains » et c’est sous cet angle que cette affaire et celles qui lui ressemblent doivent être vues et traitées en espérant que justice soit rendue aux victimes et que la qualité de notre capital humain soit préservée car ce n’est que cela qui fait la force des nations.