Tunis : De la révolution de la dignité au cauchemar de la dictature.. El-Mzouina révèle le visage du nouveau régime
La Tunisie n’est plus ce pays qui a inspiré le monde avec sa bravoure lors de la révolution, il y a quinze ans. Elle s’est transformée en un modèle frappant d’un État en déliquescence, sous le joug d’un régime autoritaire. Ce qui s’est passé dans le village reculé d’El-Mzouina, le 15 avril 2025, lorsque le mur d’une école s’est effondré sur des élèves innocents, n’était pas un simple incident tragique, mais le verre qui déborde, révélant la réalité de la « nouvelle République » promise par Kais Saïed : une République sans institutions, sans vision, et sans le moindre respect pour la dignité des citoyens.
Dès l’instant où le président tunisien a décidé de démanteler le jeune système démocratique en place depuis 2021, pour substituer à cela une constitution dotée de pouvoirs absolus, la Tunisie a entamé une chute vertigineuse vers l’inconnu. Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que l’État œuvre à la réhabilitation d’une économie en souffrance et à la construction d’institutions, la seule préoccupation du président a été de concentrer le pouvoir entre ses mains et d’éliminer toute menace potentielle à sa domination. Le résultat ? Une économie dévastée, des institutions paralysées, et un peuple qui vit au rythme de promesses creuses et de discours enflés, traduits sur le terrain uniquement par plus de répression et de déclin.
Cette situation ne se limite pas à l’intérieur de la Tunisie, mais s’est aussi propagée pour allumer une crise régionale sans précédent. Après des années de neutralité et de sagesse diplomatique, Saïed a choisi de jouer avec le feu en plaçant la Tunisie dans le giron de projets séparatistes, tant en provoquant l’une des plus anciennes et des plus importantes alliances de la région. Sa réception controversée du leader du Front Polisario en 2022 n’était qu’un épisode d’une dépendance à un régime régional également en proie aux crises. Saïed a transformé la Tunisie, d’un pays qui était considéré comme un pont de communication entre les nations du Maghreb, en un État isolé, qui refuse même de discuter de l’unité maghrébine, comme s’il choisissait la voie opposée à celle de l’histoire.
Mais ce qui est le plus douloureux, c’est la scène qui a suivi la catastrophe d’El-Mzouina : un président indifférent, qui ne trouve même pas de mots de réconfort pour les familles des victimes, tandis que son appareil de sécurité s’empresse d’arrêter le directeur de l’école pour en faire un bouc émissaire. C’est la même mentalité qui a transformé la Tunisie, d’un pays où l’on étudiait comme une expérience démocratique naissante, en un État rongé par la corruption, gouverné d’une main de fer. Les jeunes qui sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère après l’incident n’ont pas seulement protesté contre un mur qui s’est effondré, mais contre un État entier qui s’écroule.