Barada : La réforme de l’éducation se heurte à l’esprit de certains directeurs et 2500 enseignants ont quitté les salles de classe
Le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement préscolaire et du Sport, Mohamed Saïd Barada, a reconnu les difficultés structurelles freinant la réforme du système éducatif, affirmant que changer le secteur de fond en comble nécessite au moins dix années de travail continu et de réformes graduelles.
Lors d’une réunion de la Commission de l’éducation, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants, le mardi 14 octobre 2025, Barada a révélé un élément controversé concernant la fuite des compétences des salles de classe, expliquant qu’environ 2500 enseignants sont affectés à des missions administratives ou externes et n’exercent pas leurs tâches d’origine, aggravant ainsi le manque de compétences pédagogiques. Il a déclaré à ce sujet : « Les meilleurs éléments sont partis, et il ne reste que ceux qui ont encore la passion pour l’éducation ».
Le ministre a ajouté que cette fuite ne perdurera pas, affirmant qu’il a refusé, depuis sa prise de fonction, toute nouvelle demande d’affectation, déclarant : « Fini, l’éducation ne doit pas perdre d’individus, les compétences doivent rester dans les classes », soulignant que le maintien des enseignants qualifiés dans les salles est une condition essentielle pour réussir toute réforme éducative.
Concernant le projet « Écoles de leadership », Barada a expliqué que le ministère a fait appel à une institution indépendante pour évaluer l’efficacité du projet, ajoutant que les résultats préliminaires ont révélé des écarts préoccupants dans les évaluations des enseignants et des inspecteurs, allant jusqu’à 20 points dans certains cas. Il a noté que ces disparités reflètent des pratiques non conformes, précisant que certaines institutions ont enregistré des « résultats élevés malgré le faible niveau des élèves », accusant certains enseignants de « gonfler les notes sans justification » en l’absence d’un contrôle efficace de la part des inspecteurs.
Le ministre a également insisté sur le fait que le changement des mentalités est le défi le plus important face à la réforme, indiquant que certains directeurs refusent de dépenser les budgets alloués ou de mettre en œuvre des programmes de soutien, malgré la disponibilité des ressources, ajoutant : « Certains directeurs ne dépensent pas le budget, et certains inspecteurs disent qu’ils ne rendent compte à personne ».
Barada a souligné que modifier les mentalités nécessite du temps, de la patience et une rigueur dans le suivi, mettant en avant les anomalies dans le système de motivation, puisque certains inspecteurs perçoivent des salaires supérieurs à ceux de certains directeurs centraux.
Concernant l’amélioration des apprentissages, il a mentionné que le ministère travaille sur la révision des programmes scolaires et l’intégration de la technologie dans l’éducation, ainsi que sur l’impression des manuels scolaires à des prix symboliques ne dépassant pas 20 dirhams pour un ensemble de livres de mathématiques et de langue française, afin de soutenir les familles à faible revenu et d’assurer l’égalité des chances.
Barada a précisé que le projet « Écoles de leadership » accorde une attention particulière à la lutte contre le décrochage scolaire, en particulier au niveau du collège où le taux de redoublement atteint 70 %, soulignant que les nouvelles mesures, telles que la création de cellules de veille éducative, commencent à porter des fruits, ayant permis de réduire le décrochage de 10 % dans les établissements modèles.
En conclusion, le ministre a réaffirmé que la réforme éducative est un processus long et complexe, appelant à faire preuve de patience et de réalisme, déclarant : « La réforme de l’éducation nécessite au moins dix ans, et les vrais résultats apparaîtront progressivement, preuve par preuve, classe par classe ».