Lorsque « le Malien » a décidé de parler, il ne s’agissait que d’une profonde envie de vengeance. Un homme, essoufflé par quatre longues années passées dans les geôles mauritaniennes pour trafic de cocaïne puis trahi par ses complices et amis au Maroc. El Hadj Ahmed Ben Ibrahim a décidé de tout dire.
Croupissant à la prison d’El Jadida depuis depuis 2019, ce n’est qu’en juin 2023 que le malien a déposé e huit plaintes graves contre Said Naciri et Abdenbi Bioui après avoir compris que ses amis l’avaient trahi. Selon un article sur le magazine Jeune Afrique, le malien a été transféré temporairement à la prison d’Aïn Sbaâ à Casablanca pour être auditionné, avant l’interpellation des deux hommes politiques.
Pour ce qui est de Said Naciri, les accusations sont lourdes. Les voitures acquise par El Hadj Ahmed Ben Ibrahim étaient, selon sa déposition, toutes livrées d’un insigne distinctif réservé aux parlementaires, remis par Naciri ou Bioui pour lui faciliter ses déplacements. Naciri aurait également promis au Malien de l’assister pour obtenir la nationalité marocaine, et lui aurait fait obtenir ne certification du chef de la Zaouïa Naciria, une des plus importantes confréries soufies au Maroc comme début des démarches.
A la table de la BNPJ, l’une des plus graves accusations portées à l’encontre de Said Naciri, est celle d’être le coordinateur, responsable de la logistique et des relations publiques avec certains agents des forces publiques d’un supposé « réseau criminel spécialisé dans le trafic international de drogue » et la participation à deux importantes opérations d’exportation de drogue , l’une en 2014 , concernant une quantité de 300 kilos de chira, et la seconde pour une quantité de 500 kilos.
Naciri a nié en bloc toutes les accusations du Malien, mais les preuves sont sans appel.
La BNPJ a travaillé jour et nuit sur l’affaire depuis le mois d’août et aurait consigné plus de 500 procès-verbaux. Les allégations du Malien ont été toutes confirmées par des témoignages, des éléments matériels et aussi des expertises techniques sur les téléphones de toutes les parties.
La défense du Malien va probablement émettre une demande de remise en liberté provisoire et préparer un procès à venir, où sa culpabilité pourrait être écartée.
Et bien qu’à l’origine de cette affaire, la vengeance a été le déclencheur, il n’en demeure pas moins qu’elle représente le message fort de l’Etat marocain, l’égalité des citoyens devant la justice et de l’efficacité des services de sécurité.