A quand la reconnaissance des radios associatives au Maroc ?

A quand la reconnaissance des radios associatives au Maroc ?

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Said Essoulami

Ils disent qu’ils ne peuvent pas reconnaitre les radios associatives parce qu’elles ne sont pas encore matures, alors pourquoi vous avez accordé des autorisations spéciales à ces radios pour émettre sur la bande FM durant des événements exceptionnelles qu’a organisé le Maroc ?

La première : Radio Climat qui a été autorisé pour diffuser pendant la période de la tenue de la COP22 à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016. La radio a diffusé localement sur 100.1 FM, ciblant plus de cinquante mille délégués de la COP22 ainsi que les résidents de la région Marrakech-Tensfit-El Haouz. La Radio était coordonnée par l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), en partenariat avec le Forum des Alternatives Maroc(FMAS), avec le financement et le soutien du bureau de l’UNESCO à Rabat dans le cadre du programme Réseaux de la Jeunesse Méditerranéenne (NET-MED Youth), financé par l’Union Européenne et par l’Agence de la coopération suédoise pour le développement international (SIDA). Cette initiative a été développée en partenariat avec le comité de coordination de société civile COP22.

La seconde : est Radio MIL qui a assuré la couverture médiatique des différents événements tenus entre le 20 et le 26 novembre 2017 dans le cadre de la semaine d’éducation aux médias lancé par l’UNESCO au Maroc sur la fréquence 99.0 FM dans la capital du pays Rabat. Elle a diffusé des programmes pour la promotion des bonnes pratiques au niveau mondial à ce sujet et de sensibiliser les citoyens à lutter notamment contre le discours de la haine, le harcèlement, la radicalisation, et le phénomène des « fake news ». Le contenu réalisé, dans le cadre de Radio MIL, a été partagé en ligne par les réseaux de radios associatives.

La troisième expérience: est la Radio Migration lancé par le Forum des alternatives Maroc « FMAS », en partenariat avec le Bureau de l’UNESCO à Rabat et le Conseil National des Droits de l’Homme. Cette radio a diffusé sur la fréquence FM 99.4 MHz pendant la semaine du Forum mondiale de la migration qui s’est tenu à Marrakech du 4 au 11 décembre 2018. La radio a permis aux jeunes marocains, maghrébins et sub-sahariens, de renforcer leurs capacités journalistiques sur la question des migrations et a abordé les problématiques migratoires sous différents angles prismes par l’organisation de nombreux événements à portée et audiences diverses.
Ces trois expériences ont constitué une opportunité de mettre à l’épreuve, leurs compétences et leurs capacités de couvrir des évènements de grande envergure sur le spectre hertzien, avec un professionnalisme de haut niveau et un grand sens de responsabilité, sous des angles différents des approches des radios publiques et privées. Ces expériences constituent aussi un élément fort important dans la stratégie du plaidoyer politique pour la reconnaissance juridique du droit des radios associatives sur la bande FM. Elles ont prouvé aux décideurs et à toutes les instances et institutions concernées, que quand on leur fait confiance, elles sont capables d’agir en toute responsabilité et professionnalisme, dans le respect total des principes éthiques et déontologiques du métier du journalisme radiophonique. Les radios associatives ont démontré également aux radios publiques et privées, qu’elles ne s’inscrivent pas dans un schéma concurrentiel, mais plutôt complémentaire.

Aucun problème n’a été signalé par la HACA. Alors qu’attendez- vous pour reconnaitre ces radios qui se multiplient sur la toile. Plus de 100 pays reconnaissent ce genre de radios. L’exception marocaine dont on parle ne doit pas réduire le droit à la communication audiovisuelle seulement au public et le privé, mais de se positionner au niveau des pratiques internationales en vigueur.
La HACA est consciente de l’existence des radios associatives dans toutes les régions du monde, reconnues dans leurs lois et soutenues par les autorités de la communication audiovisuelle de ces pays et avec lesquelles elle a développé des partenariats stratégiques, en particulier avec celles de de l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Sud. Mme Latifa Akharbach, présidente de la HACA est actuellement présidente en exercice du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC) qui regroupe les régulateurs de 33 pays africains, dont 32 reconnaissent les radios associatives. La HACA est aussi membre observateur de la plateforme des régulateurs audiovisuel Ibéro-américains qui regroupe 12 instances qui reconnaissent aussi toutes les radios associatives. On peut aussi ajouter les relations avec les régulateurs de l’Union européenne dans le cadre de l’Observatoire Euromed, où on peut affirmer que tous les régulateurs de l’Union européenne reconnaissent les radios associatives ;
La HACA peut si elle le veut proposer au gouvernement un amendement de la loi sur la Communication audiovisuelle. En effet, parmi les missions dont le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) est de faire « toute proposition ou recommandation au gouvernement en ce qui concerne les modifications de nature législative ou règlementaire, rendues nécessaires par l’évolution technologique, économique, sociale et culturelle des activités du secteur de la communication audiovisuelle. » Cette disposition est inscrite dans l’article 5 para. 5 de la loi de la loi n° 11-15 portant réorganisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle. Le gouvernement attend cette proposition concernant les radios associatives, car celles-ci sont maintenant une réalité socio-culturelle que personne ne peut  ignorer.

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